En effet, au début des essais nucléaires, le CEA ainsi que le CEP ont chargé un certain nombre de personnes de se rendre dans les îles pour des opérations de recrutement en vue de la réalisation des essais nucléaires à Moruroa. Les recrutements ont pu se faire en direct, ou via un recruteur qui se déplaçait dans les îles à la recherche de volontaires.
La plupart de ces personnes ne sont pas retournées dans leurs îles d'origine, ce qui a contribué à l'augmentation de la population de Tahiti. De nombreux logements sociaux ont d'ailleurs été construits pour accueillir ces nouveaux arrivants. Comme vous le savez, Madame la députée, les logements accueillaient parfois jusqu'à dix personnes, car on faisait venir la femme, les enfants, les oncles et tantes, les grands-parents et toute la famille se retrouvait à Tahiti, tandis que le père partait travailler à Moruroa.
Pour ma part, j'ai été embauché par un bureau de recrutement situé à Papeete. Je m'y suis rendu de mon propre chef pour demander si un poste était disponible. Contrairement à d'autres emplois, il n'était pas possible d'intégrer Moruroa directement. Il fallait d'abord s'inscrire, passer des tests. Une fois retenu, il était nécessaire d'attendre entre trois et quatre mois, le temps que des enquêtes soient menées pour obtenir les habilitations nécessaires, telles que le secret défense, en fonction des postes occupés. Recruté en 1982, je n'ai pas participé aux essais nucléaires aériens. M. Michel Chamorin, en tant que marin, a participé à certains essais aériens. M. Edmond Teiefitu, qui n'a pas pu être parmi nous, a quant à lui consacré l'intégralité de sa carrière à la sécurité du CEA, au sein de la force locale de Sécurité (FLS), dont il est sorti haut gradé. J'espère avoir répondu à votre demande.