La question de la présence des familles d'accueil relève véritablement de l'aide sociale à l'enfance (ASE). Les juges des enfants n'ont pas voix au chapitre.
La complexité de ce travail réside dans le maintien des liens de l'enfant avec sa famille biologique, lorsque cette démarche est possible. L'implication des familles d'accueil est cruciale et doit être contextualisée. Il n'est nullement question de minimiser l'importance de ce travail.
D'ailleurs, les travailleurs sociaux font face à de grandes carences, en temps et en moyens, et souffrent d'un manque de reconnaissance de leur métier. Ils sont donc contraints de se concentrer sur l'essentiel. Par exemple, ils ne vont pas activement rechercher la famille élargie si celle-ci ne se manifeste pas auprès des services sociaux pour prendre en charge l'enfant. La solution de facilité consiste à utiliser les ressources disponibles (familles d'accueil, places dans les maisons d'enfants, etc. ). En France, il existe un véritable problème pour trouver des personnes-ressources.
L'évolution de la structure familiale représente également un facteur important. De nombreuses familles se séparent, se recomposent, ce qui complique encore la situation. Accueillir un enfant d'une autre fratrie, notamment lorsqu'il s'agit de beaux-parents, complexifie les liens familiaux et disperse les personnes-ressources.
Ces impératifs, qui peuvent sembler contradictoires entre l'intérêt supérieur de l'enfant, le maintien des liens familiaux et l'attachement nécessaire à la famille d'accueil pour la sécurisation affective de l'enfant, demeurent des notions extrêmement difficiles à concilier.
L'objectif de réunir toutes les parties prenantes pour obtenir ce qui est dans l'intérêt supérieur de l'enfant est parfois un choix difficile à opérer. Cependant, cette évolution concernant le maintien des liens est indispensable et constitue un long travail. Historiquement, la protection de l'enfance est centrée sur des idées qu'il convient de faire évoluer.
Pour ma part, ces difficultés ont causé de réelles souffrances. J'ai cessé d'exercer comme juge des enfants dans les Hauts-de-France en raison de la politique de placement, certes, mais aussi à la suite de décès survenus dans les familles. Ces évènements ont profondément marqué les travailleurs sociaux, qui ont d'ailleurs été mis en examen à l'époque. Ces histoires laissent des traces, car elles concernent des personnes véritablement engagées dans leur métier. J'ai eu l'occasion de rencontrer des éducateurs absolument formidables. Cependant, lorsque l'on est confronté à la misère sociale et aux difficultés financières, on tend à choisir la solution la plus rapide, y compris pour se protéger soi-même. Le système est extrêmement complexe, mais il est essentiel de bien comprendre cette problématique.