Monsieur le député, en trois ans, nous avons multiplié par quatre le nombre de bornes de recharge, de 30 000 à 130 000 le mois dernier. Parallèlement, il existe environ 1 500 000 bornes chez les particuliers. La progression actuelle des bornes publiques n'est donc pas proportionnelle, mais exponentielle. Je ne suis donc pas inquiet quant à l'objectif de 400 000 bornes d'ici 2030.
Le véritable enjeu me semble résider dans le choix de la localisation et la puissance des bornes. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, il est bien plus aisé de recharger une voiture électrique à la campagne qu'en ville. En ville, le sujet est tout autre, compte tenu de l'électrification à conduire pour les personnes ne disposant pas de garage, il nous faut gérer toute la prise en charge, le modèle et la progression générale. Les bornes installées sur les parkings de supermarchés ne suffiront pas à répondre aux besoins urbains. Il sera nécessaire de préciser la réalité de la disponibilité en ville.
Un autre enjeu concerne les autoroutes et les pics de fréquentation, ainsi que les besoins en termes de crête.
Si tout était électrique, la structure actuelle de nos déplacements routiers exigerait, pour absorber le flux des véhicules lors des grands chassés-croisés, six fois plus de place au sol que nos actuelles stations-service. La durée moyenne de recharge étant plus longue, la question de la disponibilité spatiale se pose réellement. Il faudra envisager les aires de repos classiques comme des aires de recharge, sans pour autant résoudre la question de la puissance appelée lors de ces journées. Avant d'atteindre un niveau d'électrification du parc tel que le problème deviendrait insoluble, nous disposons d'encore un peu de temps pour nous préparer.
Sur la question des véhicules, je partage l'avis selon lequel le problème devra se résoudre globalement sur l'aspect purement quantitatif et sur la nécessité de vérifier certains aspects localement.
Concernant les véhicules plus larges, je tiens à réaffirmer que les estimations du gouvernement étaient basées sur ses discussions avec les constructeurs, notamment pour la partie leasing. Nous avons pris la décision d'assumer le doublement du budget initialement prévu.
Nous avons ainsi porté de 100 à 276 millions d'euros le budget pour accompagner le leasing, afin d'atteindre les 50 000 véhicules prévus au lieu des 20 000 initialement budgétés. Nous avons donc pris nos responsabilités.
Toutefois, il convient de veiller à ne pas réaliser la totalité du leasing dès la première année. En effet, il nous semble essentiel de laisser à des constructeurs qui entrent sur le marché la possibilité de trouver leur public, en proposant des petits modèles et des véhicules plus compacts.