Les enjeux de souveraineté s'exercent en externe, au regard de la concurrence de pays tiers, européens ou non, mais aussi en interne, au regard de situations possiblement monopolistiques dans les filières : les producteurs doivent disposer d'une latitude suffisante. Compte tenu de votre importance – en particulier dans le bassin allaitant et la viande bovine – et de vos prises de participation, ne pensez-vous pas occuper une position quasi monopolistique qui affecte la souveraineté de la filière ? N'avez-vous pas une part de responsabilité dans la décapitalisation que vous avez évoquée ?
Soyez rassuré, nous ne sommes pas la grande distribution : vous pouvez nous communiquer en toute sécurité vos comptes et le détail de vos prises de participation, en particulier dans des sociétés d'élevage allaitant, coopératives ou de droit privé. Votre présence marquée dans des coopératives peut témoigner d'une logique monopolistique qui rend la contractualisation difficile – car, en la matière, tout tient du rapport de force.
Votre filière serait moins affectée par la décapitalisation si les producteurs avaient davantage de revenus. Vous qui êtes un acteur majeur à l'exportation et sur le marché national, quel travail engagez-vous avec les producteurs bovins pour que la filière sorte de cette situation par le haut ? Comment inciter à quitter le modèle que vous avez décrit pour favoriser l'engraissement et faire en sorte que les territoires profitent de la valeur ajoutée ? Vous affirmez que vos interlocuteurs ne veulent pas tous contractualiser, mais, je le répète, tout est question de rapport de force. De votre côté, êtes-vous suffisamment moteur pour inciter à contractualiser ?