Je me suis déjà expliqué à ce sujet. Si vous publiez vos comptes, lorsque vous allez négocier avec la grande distribution, vous trouvez votre bilan sur le bord de la table. Au cours de la discussion, vos interlocuteurs exigent alors tel prix ou tel budget en soulignant que vous en avez les moyens. Cela devient infernal !
J'ai même été convoqué par un ministre, dont je tairai le nom, qui voulait absolument savoir combien je gagnais. Je lui ai présenté nos dépenses d'investissement, rappelé que je devais payer chaque mois 15 000 salariés et expliqué que, pour ce faire, j'étais obligé de travailler et de gagner de l'argent.
J'ai été convoqué devant un certain nombre de tribunaux auxquels j'ai dû expliquer pourquoi j'étais réticent à publier les comptes du groupe. Je n'ai rien à cacher. D'ailleurs, ces comptes existent et, à Bercy, ils sont largement connus. Nous avions trop de problèmes avec la grande distribution, qui nous faisait des commentaires lors des négociations commerciales, et avec le monde agricole, qui nous pointait du doigt en permanence en citant la fortune que me prêtait le magazine Challenges. C'était insupportable !