Sur les 23 000 bovins que je traite chaque semaine, 3 000 ou 4 000 animaux font l'objet d'un contrat, avec de grosses différences entre les catégories « vaches laitières » et « jeunes bovins ». De nombreux animaux sont toutefois achetés en commerce libre.
Beaucoup d'éleveurs ne sont pas disposés à passer des contrats. Essayez donc de contractualiser avec les fournisseurs d'animaux de réforme : jamais de la vie ! Même avec des éleveurs d'animaux de qualité, destinés à la production de viande, c'est très difficile.
Nombre de contrats conclus l'ont été dans la catégorie « jeunes bovins » parce que nous accompagnons financièrement ce type de production en fournissant des broutards sans contrepartie financière – nous récupérons la mise de départ plusieurs mois plus tard, lorsque nous reprenons l'animal. De même, nous payons une pension pour certains bovins, en réglant la facture au moment de l'enlèvement de l'animal.
Lorsqu'un abattoir place des broutards chez un éleveur censé les engraisser pendant cinq à huit mois, il en perd la propriété, même s'il n'est pas payé. Ainsi est fait le droit rural. Je pourrais vous citer des exemples d'animaux pour lesquels je n'ai pas été payé et qui ont disparu. On me dira que je n'avais qu'à prévoir un warrant … Je peux vous assurer que c'est un parcours du combattant ! Mais ne généralisons pas ces bavures.
Il n'empêche que pour une structure comme la nôtre, c'est déjà un véritable exploit que de contractualiser pour 15 % à 20 % des animaux. Je le répète, de très nombreux éleveurs ne veulent pas en entendre parler. Du reste, tout un tas d'opérations telles que les ventes conclues avec des marchands de bestiaux ou dans le cadre de foires ne sont pas soumises à la loi Egalim et donc à l'obligation de contractualisation.