Notre chiffre d'affaires à l'exportation représente un peu plus de 15 % de notre chiffre d'affaires global. Nous exportons essentiellement de la viande de bœuf et de porc – les quelques dizaines de tonnes de viande ovine et de veau sont anecdotiques. Nous expédions ainsi chaque semaine, quasiment depuis le début de l'année, des carcasses de viande bovine fraîche – c'est-à-dire des animaux simplement abattus et coupés en quatre – en Turquie. Je vous ai déjà parlé de la Chine, à qui nous vendons des pièces de viande congelées, généralement de porc, que je pourrais qualifier de coproduits – des pieds ou des petits morceaux. Au Japon, où nous sommes traditionnellement présents depuis longtemps, principalement par le biais de la Socopa, et où nous assurons la promotion du porc français, nous exportons des muscles et des découpes de porc.
En France, nous ne sommes pas confrontés à la concurrence des productions sud-américaines. Lorsque nous la subissons, en Chine ou ailleurs, nous ne pouvons pas lutter. Nous parvenons à nous positionner sur des niches qualitatives ou alliant les produits à des services, mais nous ne sommes pas en mesure de rivaliser, tant en termes quantitatifs qu'en matière de prix, avec les Brésiliens, qui approvisionnent la Chine en viandes désossées à des niveaux tarifaires très inférieurs aux prix pratiqués en France pour des viandes avec os.
La concurrence dont nous souffrons au sein du marché européen concerne la viande porcine. La France importe en effet des viandes désossées provenant d'Espagne et destinées à l'industrie de la charcuterie-salaison, à des tarifs très bas correspondant à des prix de dégagement que les Espagnols pratiquent également avec la Chine et le Japon. Peut-être avez-vous remarqué que, depuis le début de la semaine, la Chine fait courir le bruit d'une éventuelle procédure antidumping à l'encontre de l'Europe concernant la viande porcine. Ce n'est pas la France qui est visée mais l'Espagne, devenue le premier producteur de porc européen. Dans ce pays, la grande majorité des abattoirs appartiennent à des producteurs, qui sont également des marchands d'aliments. Le schéma industriel se caractérise donc par une certaine verticalité : l'élevage, l'abattage, la découpe et la transformation sont assurés par les mêmes acteurs. Le modèle économique français est tout à fait différent : les producteurs, plus ou moins maîtres de l'aliment, élèvent leurs animaux et les vendent aux industriels, lesquels gèrent ensuite la vente des découpes. Chaque acteur doit essayer de gagner de l'argent, ce qui peut poser des problèmes.