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Intervention de Jean-Paul Bigard

Réunion du jeudi 30 mai 2024 à 14h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Jean-Paul Bigard, président-directeur général du groupe Bigard :

Je ne sais pas si la viande bovine connaîtra la même concentration que les productions végétales et si les élevages atteindront la taille de fermes de culture.

La production de viande bovine se divise en deux secteurs qui ne se parlent pas. D'un côté, les producteurs de cheptel allaitant, concentrés dans le centre de la France, sont souvent à la tête de petites exploitations ; ils élèvent des animaux de race charolaise ou limousine, des bœufs de Salers ou d'Aubrac, et destinent les broutards à l'exportation. Plus de 1 million de têtes quittent ainsi notre pays tous les ans. C'est le cœur du dispositif, même si de nombreuses exploitations du centre de la France suivent un autre modèle.

Nous essayons de capter les broutards pour qu'ils soient engraissés et abattus en France, mais nous ne parviendrons pas à changer le modèle du centre de la France, qui s'explique par la tradition et la géographie. Le syndicalisme le défend fortement, au moins depuis la création de la PAC.

Toutefois, comment pourrons-nous continuer à produire de la viande si nous continuons à exporter aussi massivement des animaux ? Je rappelle que notre pays comptait 22 ou 23 millions de bovins il y a peu ; ils ne sont plus que 17 millions. Même si la France garde le premier cheptel européen, la réduction est sensible et notre avance s'est réduite. Le niveau actuel du cheptel est sûrement suffisant pour satisfaire les besoins de nos concitoyens, mais la baisse du nombre de têtes conduira à une diminution des exportations et à une moindre activité des outils d'abattage : il faut le prendre en considération.

La ferme des mille veaux et la ferme des mille vaches ont été attaquées car elles constituent un symbole épouvantable, mais des exploitations tout aussi importantes existent dans notre pays sans attirer l'attention. Ces exploitations n'ont cependant absolument rien à voir avec les feedlots d'Amérique du Nord ou les élevages très concentrés d'Amérique du Sud. Quand une exploitation française double de taille, elle passe de 60 à 100, 120 ou 150 vaches. La façon d'engraisser les animaux est une autre question.

Ces concentrations foncières, avec les concentrations de cheptel qu'elles impliquent, sont indispensables, ne serait-ce qu'en raison de l'évolution démographique. Lorsque des fermes assurant une production animale sont vendues, les nouveaux exploitants tentent toujours, dans la mesure du possible, de retourner les terres utilisées pour l'élevage afin de les consacrer à la production de céréales : c'est alors que le cheptel disparaît.

Il faut distinguer, disais-je, cheptel allaitant et cheptel destiné à la production laitière. M. Besnier et d'autres pourront vous expliquer que, malgré la baisse du nombre de vaches à lait, la production laitière est toujours supérieure aux besoins domestiques et que le surplus doit donc être exporté. On pourrait donc penser qu'il est possible de réduire encore les cheptels… Cependant, s'il n'y a plus de femelles, il n'y aura plus de veaux ; or ces derniers sont indispensables à la production de lait par la mère. Cet enchaînement montre qu'il ne faut pas tout casser. La taille des deux cheptels a varié – ces dernières années, celui des vaches allaitantes a pris le dessus –, mais dans les deux cas, elle est en train de se réduire. Le cheptel laitier est relativement industrialisé, ce qui n'est pas le cas du cheptel allaitant.

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