Lors des manifestations de ce début d'année, je n'ai pas perçu, de la part des éleveurs, de critiques fortes sur les prix que nous payons en amont. Cela n'a pas toujours été le cas.
Le prix de la viande bovine a connu une très forte inflexion juste avant la crise du covid. J'avais alors dialogué avec la FNB – Fédération nationale bovine –, pour m'engager à des relèvements tarifaires, dans la mesure où la demande nous permettait d'ajuster nos tarifs, et où je pourrais répercuter ces hausses en aval, auprès de la distribution, aussi bien pour les viandes en vente directe que pour les produits élaborés.
Un fabricant de voitures achète des pièces détachées, les assemble, puis vend ses véhicules. Notre métier, lui, s'apparente plutôt à celui d'un ferrailleur, à une industrie de démolition. Nous coupons les animaux en petits morceaux, du museau – ou du groin – jusqu'à la queue. Certes, nous recomposons parfois ces morceaux pour des produits élaborés tels que le steak haché, mais, la plupart du temps, nous les vendons séparément. C'est seulement quand le dernier morceau de viande est vendu que nous connaissons le résultat économique, car le cours de chaque morceau varie selon les périodes, en fonction d'une multitude de critères, dont la météo.
Nous sommes parvenus à revaloriser certains tarifs – avec un peu moins de 40 % de parts de marché, j'ai un impact important sur la définition des prix. Certains pourront toujours me contredire, mais les prix que nous pratiquons dans la filière bovine sont actuellement parmi les plus élevés d'Europe.