Mon père a fondé l'entreprise dans les années 1970, j'y travaille depuis une cinquantaine d'années. Nous sommes toujours une structure familiale, puisque ma famille détient la totalité des actions du groupe – à l'exception de la Socopa, où un groupe de coopératives, qui approvisionnent les outils Socopa et Bigard du grand Ouest de la France en bœuf et en porc, détient une participation minoritaire.
Notre groupe réalise un peu moins de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie un peu plus de 15 000 salariés répartis dans toute la France. Nous disposons d'une cinquantaine d'outils industriels, dont une trentaine d'abattoirs de porcs, bœufs, veaux et agneaux. Nous possédons également, pour l'activité dite de cheville, d'outils de distribution à destination des boucheries, des charcuteries et des petits supermarchés. Nous sommes présents sur tous les secteurs de distribution et de consommation de viande, soit en produit direct, soit en business to business pour les produits élaborés.
À la fin du premier trimestre de 2024, au titre de volet industriel, d'abattage et de découpe, nous détenions 38,5 % des parts de marché de l'approvisionnement en viande bovine, 22,4 % pour la viande porcine, 19,5 % pour le veau et 27 % pour les ovins. Nous abattons environ 1 million de tonnes de viande par an.
Dans le prolongement de nos activités industrielles, nous fabriquons des steaks hachés surgelés, des saucisses et d'autres produits élaborés. La production oscille entre 3 800 et 4 000 tonnes par semaine ; en période estivale, la moyenne s'établit entre 4 200 et 4 300 tonnes par semaine.
Les réalisations de 2023 sont en retrait par rapport à celles de 2022. Depuis la fin de la crise du covid, la demande fléchit. En outre, nous avons dû nous adapter à des réductions de la production d'animaux en France dans tous les secteurs – bovin, porcin et même ovin ; et puisque notre activité est fondée quasiment exclusivement sur l'abattage d'animaux issus du territoire français, nous avons dû adapter nos sites industriels eux-mêmes.
Dans le secteur porcin, pour des raisons de qualité, notre groupe a choisi de ne travailler qu'à partir de truies ou de porcs castrés. Nous refusons donc les porcs non castrés, ce qui réduit sensiblement notre capacité d'approvisionnement.
Une première opération de restructuration de la filière porcine a malheureusement été accélérée par l'incendie d'un outil industriel, à Celles-sur-Belle. Nous avons immédiatement fermé le site. Cet incendie dramatique a coûté la vie à un travailleur extérieur du service de nettoyage de nuit.
Dans le secteur bovin, nous nous sommes adaptés à la production, assez hétérogène. Nous abattons des animaux mâles et femelles, jeunes ou vieux, de nombreuses races différentes ; certains ont été produits en vue de l'exportation, d'autres sont plus adaptés à la fabrication de steak haché. La production a diminué, de 8 à 10 % selon les établissements, entre 2022 et 2024. Pour certains outils, nous avons donc concentré l'abattage sur quatre jours au lieu de cinq et nous travaillons à concentrer les approvisionnements dans cette fenêtre.