Lorsque j'évoque l'insuffisance des observations, je souligne une difficulté récurrente au moment du placement de l'enfant : l'attention se concentre principalement sur lui, au détriment du travail avec le parent. Je me souviens de débats en Seine-Maritime lors de l'élaboration du schéma départemental de l'enfance, où la question de la visite à domicile annuelle chez le parent avait été soulevée. L'évolution de la situation du parent est essentielle, car l'enfant n'est pas toujours placé en raison d'une mauvaise relation avec celui-ci ; les raisons peuvent être environnementales, entre autres. Pour évaluer la possibilité de mettre en place des visites au domicile du parent, il est indispensable d'avoir une connaissance approfondie de sa situation. Si nous ne visitons pas le domicile du parent, si nous le rencontrons à peine et si nous ne menons pas d'entretien avec lui en dehors des visites médiatisées, il est difficile d'évaluer précisément sa situation. Ce n'est pas seulement une question de documentation, mais aussi de véritable expertise sur l'évolution du parent.
Un autre point concerne la culture du placement en France. Le placement éducatif à domicile (PEAD) en est un exemple significatif. Lorsqu'il s'agit de travailler intensivement avec l'enfant à domicile, cela est souvent assimilé à un placement. Avec ce contrôle exercé sur le parent, l'enfant reste sous la responsabilité du service. Il existe en France une forte culture du placement, qui ne se manifeste pas uniformément dans tous les départements. Des progrès ont été réalisés en termes de moyens alloués au milieu ouvert, notamment avec des mesures d'AEMO intensives. Cependant, il arrive que nous luttions, dans certaines situations, pour obtenir l'intervention de travailleuses familiales. Par exemple, j'avais refusé de placer un bébé à la naissance et avais demandé, avant celle-ci, une intervention significative de travailleuses familiales au domicile. Ces dernières ne sont intervenues qu'aux quatre mois de l'enfant, et seulement pour deux heures. Comme ce travail en milieu ouvert peine parfois à se mettre en place, on privilégie souvent la sécurité du bébé en le plaçant, bien que ce placement ne soit pas toujours sécurisé. Il est légitime de se demander si les pouponnières, lorsqu'elles sont surchargées, répondent pleinement aux besoins fondamentaux de l'enfant.