Malgré ce constat alarmant, il est indéniable que la protection de l'enfance demeure un vivier de pratiques innovantes. Vous en avez certainement entendu parler aujourd'hui. De nombreuses associations et départements portent des projets novateurs et fédérateurs qui fonctionnent et apportent du sens. La perte totale de sens n'est donc pas une fatalité. On peut citer la démarche prospective sur la protection de l'enfance à l'horizon 2035, les conférences des familles, les villages d'enfants, certains fonctionnements de centres parentaux très innovants, ainsi que les dispositifs de parrainage. La grande majorité des professionnels restent mobilisés et dévoués pour permettre aux dispositifs de fonctionner. Cependant, nous restons très inquiets quant à la pérennité de ce système en souffrance.
Vu le temps restant pour nos propos liminaires, je vais vous indiquer nos onze propositions sans les développer en détail.
La première urgence concerne la revalorisation du travail social et la mise en place d'une politique de recrutement accompagnée de moyens supplémentaires pour faire face à la crise actuelle.
La deuxième proposition porte sur les mécanismes d'évaluation et de contrôle du respect des lois, de la qualité de l'accompagnement en protection de l'enfance et du respect des droits fondamentaux de l'enfant et de sa famille.
La troisième proposition vise le développement massif de la prévention et des moyens alloués aux AEMO, afin que le placement ne soit plus ordonné en raison de la précarité, de la pauvreté ou de la défaillance d'autres politiques publiques.
Ensuite, nous devons passer d'une logique de suppléance à une logique de co-construction avec les familles et les enfants, dans le respect de l'autorité parentale et des droits de chacun, afin d'adapter l'aide aux besoins effectifs des enfants et des familles.
La cinquième proposition consiste à garantir le respect du recours prioritaire à la famille élargie comme première protectrice de l'enfant après les parents.
La sixième proposition vise à prévenir les placements précoces par un soutien massif de la parentalité et des lieux d'accueil adaptés, tels que les lieux d'accueil parent-enfant et les accueils de jour.
La septième proposition est de développer des outils d'évaluation précis des compétences parentales. Il est essentiel de disposer des ressources nécessaires afin de repérer plus rapidement et plus tôt les enfants pour lesquels une suppléance durable doit être organisée. Il est également important de favoriser, et peut-être de manière plus rapide, le maintien ou le retour de ces enfants au sein de leur famille.