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Intervention de Hervé Laud

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 16h30
Commission d'enquête sur les manquements des politiques de protection de l'enfance

Hervé Laud, directeur chargé de la prospective, du plaidoyer et de la communication de l'association SOS Villages d'enfants :

Lorsque nous abordons la question de la centralisation et de la décentralisation, il ne s'agit pas d'éviter le débat. En réalité, pour ceux d'entre nous qui œuvrent dans la protection de l'enfance depuis longtemps, nous avons constaté qu'il a fallu au moins quarante ans pour que les départements montent en compétences. Malheureusement, l'État a perdu ses compétences à ce moment-là. Si demain nous revenons en arrière, il faudra encore trente ans pour qu'il les acquière à nouveau, et nous ne nous en sortirons pas. Durant la crise de la covid-19, nous avons constaté qu'à certains endroits, les acteurs se sont véritablement unis pour agir. Les masques sont arrivés à peu près au bon moment et les problèmes ont été résolus de manière satisfaisante. En revanche, dans d'autres endroits, la coordination entre le département et l'État a été chaotique, entraînant une véritable catastrophe. De cette expérience, et en écho aux propos de Mme Florine Pruchon sur les comparaisons internationales, aucun pays ne nous a démontré que c'est la question du millefeuille administratif qui change la donne.

Nous affirmons qu'il est nécessaire de recouper les lieux d'action. Créer une instance supplémentaire à laquelle personne n'a le temps de participer reflète une certaine réalité. Une des logiques pourrait être que ces lieux ne soient pas des instances où l'on énonce encore les problèmes et où on les analyse davantage, pour ensuite repartir avec un sac de problèmes à traiter. Il serait plus pertinent d'amener dans ces lieux les situations critiques et de ne pas quitter la pièce tant qu'elles ne sont pas résolues. Nous pourrions ainsi résoudre trois problèmes par réunion, sans aborder tout ce qui se passe dans le département, mais en avançant concrètement sur ces points précis. Il nous semble que si les moyens de l'État et des collectivités territoriales sont mobilisés, avec la participation des personnes concernées, des familles et des associations, nous pourrions avancer efficacement.

Vous avez posé une question sur le recrutement, ce qui est légitime, car nous faisons face à une crise d'attractivité des métiers. Étonnamment, il existe une manière spécifique de travailler pour les éducateurs familiaux en village d'enfants, qui bénéficient d'un statut particulier dans le code de l'action sociale et des familles. Nous appelons ces éducateurs « père ou mère SOS », en référence à societas socialis, au sens d'une organisation solidaire. Ce métier se caractérise par des séquences de travail de trois semaines, suivies de périodes de repos et de relais. Nous avons toujours accueilli des personnes aux parcours atypiques. Ainsi, nous sommes un peu moins touchés que les structures employant des salariés aux horaires plus classiques, bien que nous soyons tout de même impactés. Concernant les diplômes, nous avons toujours recherché des compétences spécifiques pour ce métier. Nous disposons d'un dispositif de formation interne très solide, qui ne dépend pas de la validation d'un diplôme. Ces démarches nous permettent d'être moins affectés par la crise de recrutement. À ce jour, et je croise les doigts pour que cela continue, nous n'avons presque pas recours à l'intérim. En tant que concitoyens et acteurs globaux, nous sommes extrêmement vigilants sur cet enjeu.

Il n'est pas nécessaire d'être privé lucratif ou public pour paraître capter un marché. Notre association se développe mais elle ne vise pas à implanter des villages d'enfants SOS partout dans le monde. Cela ne nous rapporte rien et n'a pas de sens. Notre priorité est de maintenir la qualité de nos actions sans les dénaturer. Actuellement, nous collaborons avec d'autres associations pour définir des standards, en espérant que les parlementaires nous écouteront. Nous discutons beaucoup des normes d'encadrement. Nous avons validé l'avis du CNPE, mais nous continuons à insister sur la nécessité de normes spécifiques pour l'accueil de type familial, comme celui des villages d'enfants SOS. Il est essentiel de comprendre que, d'un côté, un équivalent temps plein (ETP) représente 35 heures de travail hebdomadaire, tandis que de l'autre, il s'agit d'un rapport annualisé, ce qui peut prêter à confusion.

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