Il s'agit d'un sujet que nous abordons en amont. Nous examinons le plan de travail, nous expliquons à l'enfant ce qui l'attend et évoquons la durée du tournage. Nous discutons ouvertement du fait que certains jours, il n'aura pas envie de tourner, qu'il sera fatigué et qu'il préférera rejoindre ses amis. Nous expliquons à l'enfant qu'il sera comme un sportif de haut niveau courant un marathon, que ce sera long et parfois difficile. Nous vérifions avec lui sa motivation et lui rappelons qu'il aura le droit de dire non, ce qui est très important. Si un jour, un enfant déclare ne pas vouloir tourner, nous en informons la mise en scène et ne le forçons pas à tourner. Ces situations sont anticipées, nous en discutons. En général, un enfant s'amuse les dix premiers jours, puis souhaite faire autre chose. C'est la réalité, il ne faut pas se leurrer. Nous en parlons avec lui, il en est conscient, il sait que c'est ainsi dans la vie, même chez les adultes. C'est un sujet abordé librement et assumé pleinement.
J'ai eu l'occasion de travailler avec une petite fille de six ans. À un certain moment, j'ai perçu qu'elle commençait à se lasser. J'ai alors pris l'initiative de solliciter l'équipe de mise en scène pour leur demander de réduire le temps de tournage, d'introduire davantage de pauses et de réfléchir à diverses solutions pour la laisser davantage respirer et passer plus de temps avec sa famille. La production a mis un certain temps à s'adapter, car il est toujours délicat de réorganiser le planning. Je leur ai toutefois expliqué qu'ils perdraient moins de temps avec une enfant motivée qu'avec une enfant fatiguée ou définitivement bloquée. Nous avons également discuté avec les parents et la production, en soulignant que l'enfant ne serait jamais contrainte de se rendre sur le plateau contre son gré.