Vous utilisez souvent des raisonnements qui ont l'air rationnels mais qui ne le sont pas forcément. Vous dites que 20 % seulement de la baisse des gaz à effet de serre viendra de l'innovation et 80 % de la généralisation de pratiques éprouvées. Mais l'effet de proportionnalité n'est pas forcément pertinent. S'il vous manque 20 % de certaines fonctions vitales, vous mourrez, même s'il vous en reste 80 % ! Cette façon de présenter les choses, utilisée depuis dix ans pour rassurer les gens, m'interpelle. Je ne dirai pas qu'elle relève de la mauvaise foi car je ne voudrais pas être désagréable, mais elle a ses limites. S'il manque 20 % de l'alimentation nécessaire à une population, c'est la disette ! Le chiffre de 80 % peut sembler raisonnable mais, en réalité, il ne l'est pas forcément.
L'exemple de la betterave illustre la limite de ce que vous venez d'exposer. Vous dites que tout s'est bien passé, mais la filière considère que cela relève plutôt du miracle ! Les faits n'ont pas démontré que l'interdiction des néonicotinoïdes n'aurait pas de conséquences graves. Je souhaite que tout se passe bien mais, une fois de plus, aucun plan alternatif ne semble prévu.
Vous dites que les difficultés de la filière de la betterave ne peuvent pas se résumer à l'interdiction des néonicotinoïdes. Je suis parfaitement d'accord ; elle rencontrait déjà des problèmes auparavant. Avant même d'être élu, je me suis d'ailleurs battu au sein de ma famille politique contre la remise en cause des quotas ou l'optimisation de la filière par des acteurs privés à leur seul bénéfice.
Mais ce n'est pas une réponse de planificateur que vous apportez, car vous ne prenez en compte qu'un seul problème, celui des produits phytosanitaires, sans vous attaquer aux autres. Vous n'avez aucun plan pour augmenter la production de betterave ou pour développer ses différents usages, alors qu'elle est un don de nature : elle peut être utilisée pour la production d'éthanol ou dans la chimie verte, par exemple.
Je vois bien en quoi consiste votre planification lorsqu'il s'agit de réduire les émissions ou d'interdire certains produits, mais je ne vois rien d'autre. Ma famille politique n'a jamais été contre la planification, et n'a pas changé d'avis. Mais plus qu'un secrétaire général à la planification, vous me semblez être un secrétaire général à l'interdiction !