Une planification, c'est un plan de bataille susceptible de fonctionner. Lorsque nous avons élaboré la nôtre, nous n'avons rien inventé de nouveau mais repris globalement l'ensemble des mesures existantes. Ce point me permet de préciser que la baisse des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 s'expliquera à hauteur de 60 % par la généralisation de mesures existantes et à hauteur de 20 % par des efforts de sobriété : la part de la baisse liée à l'innovation ne sera que de 20 %. Loin de tout technophilisme béat, loin de croire que l'argent investi nous permettra de résoudre les problèmes, nous faisons preuve du plus grand pragmatisme. Les leviers à actionner en même temps sont si nombreux, néanmoins, qu'il est important de les mettre tous sur la table pour déterminer la façon d'avancer.
Planifier, ce n'est pas non plus rédiger un énorme rapport listant ce qu'il faudrait faire : c'est prévoir un dispositif très précis de suivi annuel et, le cas échéant, réajuster les actions dans le but d'atteindre les objectifs – pas seulement écologiques, mais aussi économiques et sociaux.
En tout état de cause, un plan de bataille est néanmoins nécessaire au début. À défaut, nous ne ferions rien, ou bien nos efforts seraient désordonnés et contre-productifs – ce qui serait destructeur pour notre pays, pour sa souveraineté, pour l'économie et pour le pouvoir d'achat des ménages.
Pour répondre à votre question sur les meilleures pratiques, je précise que nous n'avons pas intégré les exploitations bio à notre calcul.
Enfin, l'effet bouclier que vous évoquez n'est pas avéré. Ce sont d'ailleurs les substances qui s'envolent et qui risquent de contaminer d'autres zones qui posent le plus de problèmes, en matière sanitaire notamment. Si elles ne sont pas encore interdites, elles sont les plus susceptibles de l'être. Elles pourraient en effet se retrouver dans des cours d'école et affecter la santé des enfants.
Il est vrai que des charges de produits phytosanitaires peuvent, en passant par les nappes phréatiques, se retrouver dans des exploitations voisines. Cet effet n'est pas quantifié à l'échelle nationale et c'est justement pour en tenir compte que nous avons choisi de retenir un échantillon significatif en considérant les 20 % – et non les 3 % – de pratiques les meilleures.