Je ne connais pas ces études d'impact. Je suis viticulteur et je vous assure qu'il y a un coût supplémentaire. Peut-être est-il considéré comme viable par l'INRAE, mais se passer du glyphosate dégrade la compétitivité alors que la viticulture française a des concurrents, notamment espagnols. Encore une fois, cela suppose d'acquérir du matériel, grâce parfois à des subventions mais sans que celles-ci couvrent l'intégralité du coût. À partir d'une certaine taille d'exploitation, cela veut dire qu'il faut un tracteur et un ouvrier en plus. Cela entraîne aussi des pertes de rendement car le désherbage mécanique dégrade le système racinaire.
Très sincèrement, en tant que viticulteur je ne comprends pas le discours qui consiste à dire qu'il n'y a pas de pertes de compétitivité. Je consulterai vos études d'impact mais ce que vous avez dit ne correspond pas à ce que l'on peut voir sur le terrain. Je ne dis pas qu'il n'existe pas d'alternatives viables, mais cette notion est extrêmement subjective. On peut considérer que c'est le cas même si l'on augmente le coût de production à l'hectare de 50 ou 100 euros – voire plus, car les pertes de rendement atteignent 30 % la première année. Cela chiffre très vite. Comme nous sommes dans un marché ouvert, comment fait-on ?
S'interroge-t-on sur le risque de faire décrocher la viticulture française alors que 4 millions d'hectolitres de vin espagnol sont importés chaque année et que les restrictions ne sont pas les mêmes dans les deux pays ? La question se pose aussi pour beaucoup d'autres cultures. Selon moi, ce risque n'est pas pris en compte lorsque l'on prend ce type de décision.