Nous avons entamé une discussion sur la durabilité au sein de l'INAO et elle prend en compte ces paramètres économiques. Néanmoins, je peux vous affirmer que les cahiers des charges les plus simples ne sont pas forcément ceux qui génèrent le plus de valeur. Parfois, des cahiers des charges très exigeants génèrent une valeur élevée. Il n'existe donc pas de corrélation entre le degré d'exigence du cahier des charges et la création de valeur. De plus, cette politique de qualité représente une compétitivité hors prix et crée de la valeur de manière immatérielle. Il n'est donc pas possible de lui appliquer les mêmes raisonnements que pour un produit classique. Enfin, comme vous l'avez dit, l'ODG propose la modification du cahier des charges, en matière viticole comme pour d'autres produits. Par exemple, la production au lait cru conduit à écarter certains volumes de lait pour lesquels les conditions sanitaires exigées pour un fromage au lait cru ne sont pas respectées. Ce type de production peut évidemment impacter la rentabilité d'une entreprise, mais si le niveau des cahiers des charges est rabaissé et la pasteurisation autorisée, la création de valeur ne sera pas la même et le fromage sera rabaissé au même niveau qu'un fromage classique hors appellation. Par conséquent, le comité AOP souhaite ardemment maintenir cette exigence de fromage au lait cru et ce point a fait l'objet d'échanges particulièrement vifs au moment des discussions sur le cahier des charges du camembert de Normandie.