Oui, cette initiative me semble positive, pour plusieurs raisons. Cette mission renforcerait en effet la visibilité de nos travaux. D'ailleurs, il me semble que cette question doit être liée à celle de la réparation, et je vous adresserai une réponse écrite sur ce point. Vous m'avez aussi invité à vous faire part de suggestions d'initiatives mémorielles. De mon point de vue, il faudrait une initiative dans les deux sens, permettant de mettre en évidence l'histoire du CEP à travers un parcours mémoriel à Papeete ainsi que dans les atolls, notamment à Hao, qui tient une place importante, mais aussi inscrire ces événements dans la mémoire nationale française, même si les Polynésiens en ont subi davantage les conséquences que les Français.
Je pense donc qu'il faudrait créer, sinon un centre de mémoire permanent en France occidentale, du moins investir des lieux de mémoire en y organisant des expositions. Je pense par exemple au musée de l'Immigration, un des lieux de mémoire les plus réussis selon moi. Une exposition pourrait être consacrée aux circulations du travail en lien avec les essais nucléaires, puisque des Polynésiens, mais aussi des travailleurs d'autres pays comme le Portugal sont venus construire le CEP. J'ai d'ailleurs pu échanger à ce propos avec François Hérand, qui préside le conseil d'orientation du Palais de la Porte dorée. Le mémorial Charles de Gaulle pourrait aussi accueillir des expositions sur les essais nucléaires ; j'ai eu l'occasion d'en parler avec ses responsables. De nombreux lieux de mémoire en France pourraient être investis de cette histoire polynésienne.
Pour revenir sur votre question, le lancement d'une mission de type Duclert serait une première démarche montrant l'intérêt porté par l'État à cette histoire, et contribuerait à la rendre visible dans le récit national.