Jusqu'à présent, il n'y a pas d'effets. On ne dit pas assez que la signature de la France est formidable. Depuis la banqueroute des deux tiers, sous le Directoire, elle est, avec l'Angleterre, le seul pays au monde à n'avoir jamais fait défaut, à la différence de l'Allemagne, pour qui cela a été le cas quatre ou cinq fois au cours du XIXe siècle – puis, évidemment, sous la République de Weimar.
Nous avons cependant connu dans la période récente, du temps du franc, deux alertes très graves. En 1958, le général de Gaulle n'a pas été rappelé seulement à cause de l'Algérie, mais aussi à cause des finances publiques. La France était alors sous tutelle du Fonds monétaire international (FMI) et Félix Gaillard, dernier président du Conseil, a dû mendier une avance de trésorerie de l'Allemagne de Konrad Adenauer – pour payer les fonctionnaires, m'a-t-on dit. Lorsque j'étais rapporteur du budget, j'avais encadré dans mon bureau le discours du 28 décembre 1958 du général de Gaulle, dans lequel il expliquait qu'il allait falloir réduire les dépenses liées aux Charbonnages de France et la retraite des anciens combattants. Cela n'a finalement pas été fait, mais l'alerte a été très chaude et c'était, à l'époque, une question de souveraineté.
La seconde alerte, plus récente, a suivi l'ouverture des vannes de la dépense publique en 1981 et 1982. La corde de rappel a joué immédiatement : six mois plus tard, les taux d'intérêt étaient à 20 % et l'inflation à 18 %. Il s'est ensuivi trois dévaluations successives et le contrôle des changes, et il a même fallu bloquer dans des entrepôts à Poitiers les magnétoscopes importés du Japon pour éviter qu'ils ne confisquent le pouvoir d'achat que l'on venait d'accorder. Est venu ensuite le tournant d'une rigueur violente. Emprunter est très bon pour le pouvoir d'achat, mais le moment de vérité finit par arriver, comme nous l'avons connu à l'époque du franc. L'euro sera-t-il une protection éternelle à 100 % ? Je ne le crois pas.