Je pense que nous changeons de monde et vivons désormais dans un monde de gros chocs macroéconomiques, qui changent complètement la compréhension de l'évolution des finances publiques.
L'économiste Claudia Goldin, qui vient de recevoir le prix Nobel d'économie pour ses études sur le genre, a publié il y a quelques années un très bon article sur le financement des guerres, puisqu'il est aujourd'hui question d'économie de guerre. Elle y évoque les outils fiscaux utilisés pour absorber les dettes publiques liées aux crises. Je vous invite à lire cet article, qui est complètement en phase avec les récentes décisions de Vladimir Poutine pour financer sa guerre en Ukraine, c'est-à-dire l'augmentation transitoire de la fiscalité du capital. Les États-Unis ont toujours agi de la sorte pour financer leurs guerres au XXe siècle, à l'exception de la guerre du Vietnam, qui a été en partie financée par le choc inflationniste des années 1970.
Ensuite, il semble intéressant que l'État aide les épargnants à s'assurer contre un risque résiduel d'inflation en échange d'une petite prime, laquelle permet de réduire le coût de la dette publique. Mais cette démarche me semble appartenir au « monde d'avant » notamment parce que, comme vous l'avez souligné, l'inflation est difficile à prévoir et qu'il existe des effets de déport – puisque l'inflation des bases fiscales n'est pas forcément identique à l'inflation sur laquelle une OATi est indexée. Si les épargnants veulent s'assurer contre le risque inflationniste, ils peuvent toujours contracter avec leurs banques. En conclusion, il me semble que, dans ce nouveau contexte, l'opportunité des OATi a décru.