L'économie politique de la dette publique suscite les questions les plus délicates. L'OFCE, comme d'autres organismes, mène une analyse des effets redistributifs et des impacts des mesures. Je séparerais pour ma part la dette liée à la crise de la dette liée aux mesures non financées.
S'agissant de la dette de crise, le choix du bouclier tarifaire a par exemple plutôt servi à financer les gros consommateurs en volume d'énergie, dans la mesure où ce dispositif ne comportait pas de conditions de ressources. Il a donc eu des effets anti-redistributifs, même s'il a aussi bénéficié aux ménages les plus pauvres.
En revanche, l'activité partielle a soutenu l'emploi et les prêts garantis par l'État ont soutenu les entreprises. Nous sommes sortis de la crise avec un taux de chômage relativement faible, à l'inverse de l'épisode de 2009, qui avait fortement accru le chômage. Ces dispositifs ont donc probablement eu pour effet indirect une stabilisation de l'emploi.
En résumé, nous essayons de produire des effets globaux de redistribution, mais une très grande incertitude demeure.
Les politiques de stabilisation, via des baisses de dépenses ou des hausses d'impôts, contribuent toutes deux à diminuer le pouvoir d'achat de certains ménages, pouvoir d'achat dont nous savons par ailleurs qu'il représente la première des préoccupations des Français. C'est le « moment churchillien » dont nous avons besoin. À qui doit s'appliquer cette stabilisation ? Cette décision relève du pouvoir politique et législatif. Je conclus en précisant qu'en tant « qu'expert », je reconnais une incertitude dans nos évaluations.