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Intervention de Xavier Ragot

Réunion du jeudi 30 mai 2024 à 11h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la très forte croissance de la dette française depuis l'élection présidentielle de 2017 et ses conséquences sur le pouvoir d'achat des français

Xavier Ragot, directeur de recherche au CNRS, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et membre du conseil d'analyse économique :

La France est entrée dans l'euro surévaluée, quand l'Allemagne, qui n'avait pas encore absorbé complètement l'Allemagne de l'Est, était sous-évaluée. Cet écart a permis à l'Allemagne d'enregistrer des gains commerciaux énormes au début des années 2000, mais je pense qu'il est résorbé, après beaucoup d'efforts de notre part, y compris sur le plan budgétaire, pour faire converger les taux de change internes et les coûts du travail. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) a notamment participé de cet effort.

Depuis 2017, j'ai l'impression que la structure de l'euro et la Banque centrale contribuent à offrir des taux français relativement faibles par rapport à ce qu'ils devraient être, compte tenu de notre écart avec l'Allemagne. Je suis beaucoup plus inquiet sur l'attitude des investisseurs internationaux, en cas de perception d'un conflit entre la France et l'Allemagne et d'une moindre solidarité européenne sur les taux d'émission.

La structure globale de l'euro est assez complète, avec une monnaie unique, des mécanismes d'assurance, la Banque centrale européenne (BCE) et, désormais, la capacité d'utiliser le plan d'endettement NextGenerationEU, qui a été massivement orienté vers des pays qui en avaient besoin, notamment l'Italie. Au niveau international, la structure budgétaire européenne semble plus cohérente désormais, envoyant un signal rassurant sur toutes les émissions de dettes publiques. Malgré les tensions de court terme, l'architecture géopolitique de l'euro est en ce moment plutôt rassurante. La France en profite, l'écart des taux d'émission français et allemand est faible, mais le spread de l'Italie face à l'Allemagne est trois fois supérieur au nôtre.

Ma crainte pour la trajectoire des finances publiques françaises est celle d'un scénario à l'italienne. L'Italie dispose d'un excédent budgétaire primaire de 1 %, mais ses charges d'intérêt sur la dette s'établissent à 4 % du PIB, menant à une impasse politique. De fait, un pays qui doit lever des impôts pour payer essentiellement les charges d'intérêt sur sa dette n'a plus de marge de manœuvre. Cette situation doit absolument être évitée.

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