Je partage complètement ce point de vue. Il est légitime que l'État s'endette en temps de crise pour soutenir le pouvoir d'achat. Je constate que lorsque cet événement intervient, les contribuables français ne se rendent pas compte de la réalité du soutien de l'État.
Le retour à l'équilibre des comptes publics, quel que soit l'instrument (hausse d'impôts – que j'aurais tendance à privilégier de manière transitoire – ou baisse des dépenses), est en dehors du débat. Lors de la crise énergétique, j'étais par exemple favorable au bouclier tarifaire et étais conscient que l'État dépenserait beaucoup d'argent au service des Français en limitant les prix de l'énergie. Il fallait le faire. L'État a agi vite, en utilisant le modèle à l'œuvre en outre-mer. Je savais que trop d'argent allait être dépensé, mais naïvement, je pensais qu'un consensus politique verrait le jour pour trouver des recettes fiscales après la crise, à travers des augmentations d'impôts, afin d'absorber le déséquilibre induit sur les comptes publics.
La mémoire du débat public est assez faible et la question des hausses d'impôts semble trop politisée pour être intégrée dans ce même débat public. Le rapport de la Cour des comptes du mois de mars 2024 sur les boucliers tarifaires a mis en évidence un excès de 30 milliards d'euros de dépenses dans le cadre de ces dispositifs. Il faudrait trouver les moyens fiscaux pour récupérer cette somme auprès de ceux qui en ont bénéficié afin d'améliorer les comptes publics. Malheureusement, une telle option politique a du mal à émerger dans le débat français.