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Intervention de Pauline Spinas-Beydon

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur les manquements des politiques de protection de l'enfance

Pauline Spinas-Beydon, directrice de la Mecs Saint-Jean à Sannois :

Sur les familles d'accueil, deux points méritent notre attention : les départs à la retraite et la crise des vocations. En effet, ce métier est souvent perçu comme une vocation. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment en matière de rémunération, la situation reste préoccupante. J'ai eu l'occasion de travailler avec de nombreux jeunes, notamment des adolescents, qui avaient déjà été placés en familles d'accueil. Nous avons constaté des situations difficiles, alors que nous pensions que les cas les plus complexes se trouvaient en maison d'enfants. En décloisonnant les services et en créant une équipe mobile de soutien pour les familles d'accueil du département, nous avons compris qu'il était parfois nécessaire de s'entraider. Les familles d'accueil se retrouvent souvent seules face à des enfants présentant des situations très complexes. Par exemple, des assistantes familiales âgées de 60 à 65 ans se voient confier des enfants qui ne dorment pas la nuit et souffrent de terreurs nocturnes. Ces situations peuvent devenir extrêmement éprouvantes, au point de les faire craquer. Lorsqu'ils arrivent chez nous, nous avons parfois du mal à gérer ces cas, même avec six éducateurs, et devons les intégrer dans des dispositifs encore plus spécialisés. Il est donc essentiel d'améliorer l'accompagnement des familles d'accueil, souvent seules au quotidien avec les enfants. Ce travail, associé à une dynamique de soutien, peut faciliter le recrutement et la formation de nouvelles familles. Le problème ne se limite pas aux départs à la retraite. Dans certains bassins et départements plus ruraux, où les familles d'accueil sont plus nombreuses, la situation varie en fonction des territoires. Toutefois, il semble que ce phénomène soit national.

Sur le soutien aux jeunes majeurs, la fondation des Apprentis d'Auteuil a été précurseure sur le sujet dès le XIXe siècle. Nos statuts insistent sur la fidélité à vie aux anciens et les liens de confiance et d'amitié. Cependant, nous avons renforcé nos actions lorsque les statistiques ont révélé que de nombreux SDF avaient bénéficié de la protection de l'enfance. Nous avons alors professionnalisé nos services auprès des anciens, initialement axés sur le lien fraternel, en créant ce que le dispositif de la Touline, un service après-vente de l'ASE. Il ne suffit pas de signer des contrats jeunes majeurs pour continuer à aider jusqu'à 21 ans. Bien que les départements signent ces contrats et offrent un accompagnement, la rupture brutale à 21 ans pose problème. Un enfant qui quitte le domicile familial revient souvent pour des tâches comme laver son linge ou faire sa déclaration d'impôts. Le système de la Touline vise à offrir un soutien humain et à maintenir un lien affectif après 21 ans ou après la prise en charge en enfance. Ce dispositif aide également les jeunes à accéder à leurs droits en tissant des liens avec les missions locales. Il ne s'agit pas de se substituer à ces missions, mais de faciliter l'accès aux services qu'elles offrent.

Aujourd'hui, la Fondation en est à sa deuxième mesure d'impact social via le dispositif de la Touline. À l'origine, ces mesures ont été principalement financées par des fonds sociaux européens et par du mécénat. L'objectif était de démontrer leur efficacité afin de convaincre les pouvoirs publics de l'intérêt d'y investir. Nous avons réussi à montrer que chaque euro investi dans une Touline permettait d'économiser de l'argent public. Nous avons pour cela mené des études avant et après l'intervention du dispositif de la Touline, analysant les situations médicales, l'emploi, le logement, etc. Avec plus de dix ans de recul, nous savons désormais que ces dispositifs fonctionnent. J'ai la chance d'avoir une Touline dans mon périmètre d'action et je peux affirmer que je trouverais difficile d'exercer mes fonctions de directrice de la protection de l'enfance sans ce soutien. J'ai observé des parcours où la situation restait fragile à la fin, mais aussi des réussites éclatantes. L'absence de filet de sécurité familial rend les jeunes vulnérables, et certains seraient tombés sans l'intervention de ce dispositif.

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