Pour répondre à vos questions, madame la rapporteure, lorsque je suis arrivé au département du Calvados, je ne pensais effectivement pas que mon passage durerait moins de trois ans. S'agissant de votre remarque au sujet des structures Domino, selon laquelle vous y avez vu le pire, je dois vous avouer ne pas savoir moi-même si j'ai déjà vu le pire. Quoi qu'il en soit, je ne l'ai certainement pas vu dans les structures Domino. En travaillant avec l'ensemble des acteurs du département du Calvados, je me suis rendu compte que le pire se trouvait un petit peu partout, malheureusement. Les dysfonctionnements existaient préalablement à l'avènement de l'intérim. Ce n'est pas l'intérim qui les a provoqués. Au contraire, je pense qu'il peut nous aider aujourd'hui à combler des postes qui ne sont pas occupés, à condition évidemment que les personnes soient accompagnées. Vous avez évoqué la présence dans ces structures de personnes non diplômées. Il s'agit d'un vaste débat, qui se pose d'ailleurs quasiment tous les jours avec mes équipes. Il convient cependant de souligner que l'on trouve également des personnes sans diplôme au sein de structures historiques. Comme vous avez prévu d'auditionner le groupe Domino, vous obtiendrez des compléments de réponse à ce niveau.
Aujourd'hui, les agences Domino comptent des milliers de personnes qui souhaitent répondre à des besoins dans le secteur de la protection de l'enfance et qui ne sont pas outillées. Or elles se heurtent souvent à des personnels permanents qui maîtrisent généralement mieux le travail. Les frictions entre personnels permanents et intérimaires sont quotidiennes, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Mon rôle consiste à élever les compétences de ces personnes tout en les incitant à collaborer davantage avec des structures d'ailleurs susceptibles de les embaucher par la suite.
Peut-être évoquiez-vous tout à l'heure les structures de l'association Domino Assist'M Ase, bien connues depuis quelques années. Je ne peux m'empêcher de l'évoquer, étant alors directeur de l'ASE lors de l'arrivée de cette association dans le Calvados. Aujourd'hui, je ne travaille pas avec cette association, faute de demandes de leur part. Néanmoins, le projet initialement prévu dans ce département me semblait extrêmement pertinent et répondait à des manques et à des besoins importants. Les élus ont à l'époque fait preuve de créativité en explorant des domaines inédits et en nous confiant les clés d'une Mecs éphémère, dans le cadre d'une convention renouvelée pour une année. Ces deux années étaient nécessaires au département pour mettre en place les actions prévues dans le schéma. Nous nous trouvions alors dans une situation précaire et il était impératif de réagir. À ce moment, la manière dont les élus et ma directrice chargée de l'enfance et des familles ont réagi était probablement la meilleure. La question de la réactivité, qu'il s'agisse de Domino ou de toute autre agence d'intérim, implique une connaissance approfondie du département dans lequel on intervient. Or c'est certainement la méconnaissance du département qui constituait un frein majeur pour l'association. Par exemple, il était difficile de trouver des hébergements adéquats. De plus, le tissu associatif n'était pas suffisamment développé. Les liens avec l'éducation nationale et la justice, que nous avons évoqués précédemment, représentent également des éléments essentiels. En outre, l'association n'a pas été intégrée à l'ensemble des associations présentes dans le secteur et ce malgré mes efforts, dans la mesure où l'intervention d'un secteur marchand à but lucratif peut sembler incongrue. À mon avis, ce travail aurait pu être anticipé. Les élus favorables à ce projet auraient dû prendre le temps de développer leur réflexion au lieu de l'imposer à l'ensemble des acteurs déjà présents dans le secteur. Ces difficultés relationnelles ont également été exacerbées par la réception régulière de courriers anonymes, preuve de la réticence à l'égard de l'association, alors qu'il aurait été bien plus profitable de réussir à travailler en collaboration.
Pour conclure, la question des personnes non diplômées me tient particulièrement à cœur. En tant qu'ancien formateur en travail social, j'ai souvent affirmé que le diplôme ne garantit pas nécessairement la compétence. Je préfère collaborer avec des personnes motivées, ayant une véritable volonté d'être utiles, qui comprennent les enjeux et souhaitent développer des initiatives. Mon objectif est de les maintenir dans cette approche, de les fidéliser et de les outiller adéquatement.