Ce qui vient d'être dit sur l'aspect formation est très intéressant. J'aimerais partager quelques réflexions issues de mon expérience dans un centre d'accueil d'urgence, où la situation des enfants est très complexe au quotidien. Dans la structure où je travaille, nous avons intégré de nombreuses pratiques, notamment la discipline positive. Il s'agit d'une méthode d'éducation diffusée aujourd'hui dans plus de 60 pays. Fondée par un psychothérapeute, elle prône l'alliance de la bienveillance et de la fermeté dans l'éducation des enfants, sans devoir choisir entre l'une ou l'autre. Cette approche crée des conditions optimales pour l'éducation. À la maison, on pourrait penser que cette méthode n'a pas de sens, voire qu'elle est un peu ridicule dans la mesure où crier sur un enfant de temps en temps n'entraînera pas de traumatismes. Cependant, la situation est totalement différente pour un enfant vivant en foyer, qui est un lieu de « fausse vie », selon l'expression de Françoise Dolto. Les cris, qu'ils proviennent d'enfants ou d'adultes, sont beaucoup plus fréquents qu'à la maison, ce qui rend la vie en institution intrinsèquement violente. La discipline positive vise à former les professionnels à réduire les cris, à éviter les confrontations et à adopter une posture de remise en question. Je pense que les structures gagneraient à former leurs professionnels à cette méthode d'éducation, qui a prouvé son efficacité et est enseignée partout dans le monde.
En outre, en tant que professionnels, nous manquons de connaissances en psychiatrie, qu'il s'agisse de la formation initiale ou continue. Aujourd'hui, nous constatons que nous accueillons de plus en plus d'enfants présentant des difficultés psychiatriques importantes. Nous ne savons pas comment prendre soin d'eux, ni répondre à leurs besoins. Nous rencontrons des enfants atteints de troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et d'autres profils très complexes et nous ne sommes absolument pas formés pour nous en occuper correctement.
Je tenais enfin à vous rassurer sur la question des foyers, qui ne sont pas des endroits monstrueux où les enfants dorment dans des caves sombres infestées de toiles d'araignées. Il en existe d'exemplaires, tant sur le plan matériel que dans les modalités d'accueil.