Au nom du groupe Socialiste, je vous remercie pour votre disponibilité auprès de notre commission. La commémoration du 80e anniversaire des débarquements de la Libération revêt un caractère spécifique, car elle s'inscrit dans un contexte géopolitique particulier, marqué par le conflit en Ukraine, le conflit au Proche-Orient et ce qui se passe à Gaza. Cette commémoration revêt un écho particulier dans des cités martyres comme Brest et Lorient, mais aussi toutes les petites communes rurales qui ont connu leur lot de drames et de réfugiés lors de la deuxième guerre mondiale,
Évidemment, c'est avec beaucoup de gravité que la population locale s'apprête à commémorer ces moments. Dès son arrivée au pouvoir, le président François Mitterrand avait été l'instigateur de cette fameuse nouvelle dynamique liée à la question mémorielle de la guerre 1939-1945. Lors du sommet commémoratif de 1984, où il invita les représentants de l'ensemble des belligérants, il permit d'affirmer la place de la France au sein des vainqueurs de la guerre, mais aussi en tant que puissance restructurante de cette deuxième partie du XXe siècle et acteur majeur dans la formation de l'esprit européen, de l'identité européenne.
Au sein de mon groupe, nous sommes convaincus qu'il est nécessaire de maintenir et de transmettre cette mémoire aux jeunes générations, malgré la disparition des derniers vétérans. La politique mémorielle conduite pour les quatre-vingts ans du débarquement joue à ce titre un rôle tout particulier. J'aimerais prolonger la question de ma collègue Mme Darrieussecq, qui sollicitait votre point de vue diplomatique sur la situation géopolitique actuelle.
Pouvez-vous nous expliquer en détail comment elle influence l'organisation et la signification des commémorations de cette année, notamment en raison du conflit russo-ukrainien ? Qu'en est-il de l'invitation ou non des représentants et des vétérans russes à nos commémorations ? Comment avez-vous envisagé l'inclusion de pays européens comme la Suède et la Finlande, nouveaux membres de l'Otan dans les politiques de commémoration ? En somme, comment nous, Européens, faisons-nous perdurer le concept de mémoire partagée dans ce nouveau monde, aujourd'hui ?
Ma dernière question concerne les nouvelles générations, en lien avec le travail de mes collègues Blanchet et Étienne dans le cadre de leur mission d'information sur le rôle de l'éducation et de la culture dans l'esprit de défense. À cet égard, quel est le rôle de la culture populaire et des arts dans la construction de la mémoire du débarquement et de la Libération ?