Permettez-moi, au nom du groupe Rassemblement national, de vous souhaiter la bienvenue dans notre commission. En tant que petit-fils de résistant, je tiens à adresser une pensée toute particulière aux résistants français, à qui nous devons beaucoup. Comme l'a rappelé le major-général William Donovan, ils ont transmis de nombreux renseignements utiles lors du débarquement de Normandie.
La semaine dernière, au sein de cette commission, le groupe Rassemblement national a rappelé sa position sur l'Otan. Cependant, nous n'oublions pas qui étaient et sont nos alliés et quel a été le sacrifice des États-Unis et de l'Empire britannique, même si la France a été exclue des préparatifs de l'opération Overlord, raison pour laquelle le général de Gaulle avait refusé de commémorer le débarquement du 6 juin.
Le débarquement du mont Faron, le 15 août 1944, a enfin permis aux troupes françaises de jouer un rôle dans la victoire des Alliés. La France avait pu retrouver son rang. Rien ne dit que de tels épisodes tragiques et guerriers ne se reproduiront plus à l'avenir et que nous ne verrons plus une gigantesque armada comme celle mobilisée le 6 juin. Il est donc de notre devoir de préserver cette mémoire transatlantique, mais également celle de toute l'Europe. C'est la raison pour laquelle la Russie a été invitée, sans les autorités russes, lors des cérémonies de commémoration en Normandie. La seconde guerre mondiale a coûté plus de vingt millions de morts à l'Union soviétique. Ne les oublions pas.
Au-delà des commémorations, un véritable tourisme de la mémoire s'est installé notamment en Normandie, à tel point qu'un parc immersif, au départ nommé « D-Day Land », désormais Normandie Memory, va ouvrir ses portes l'année prochaine. Ce projet suscite des protestations, les anciens combattants estimant inadmissible de réaliser des profits sur la mort de leurs camarades. D'autres jugent déplacé de transformer cette mémoire douloureuse en loisirs et amusements. En effet, avec un tel parc, la limite entre commémoration et loisirs pourrait être trop fine et dénaturer le devoir de mémoire.
Au vu de ces éléments, je souhaiterais vous entendre au sujet des enjeux de cette mémoire. Commémorer les quatre-vingts ans du débarquement en Normandie dans le contexte mondial actuel, marqué par un risque de conflit de haute intensité, n'implique-t-il pas une responsabilité ? Ne pensez-vous pas que D-Day Land risque de gommer les véritables leçons à tirer de cet événement historique ?