Les Polynésiens se découragent assez facilement, surtout lorsqu'ils apprennent que des dossiers sont rejetés au nom de calculs financiers. Le Civen tend à rejeter systématiquement les demandes de toutes les personnes nées à partir du 1er janvier 1975 ou des individus qui avaient plus de 15 ans au moment des essais aériens, et cette information est largement répandue parmi la population.
Cette situation est extrêmement décevante, car la loi Morin prévoit la possibilité d'être indemnisé jusqu'en 1998, mais cette disposition n'est pas appliquée par le Civen.
Par ailleurs, il faut savoir que de nombreux îliens ont personnellement participé aux essais nucléaires de Mururoa et de Fangataufa, ou ont pu paraître profiter de ce qui a été décrit comme un « boom économique ». Ils se sentent donc en partie complices, et cela peut expliquer que leurs descendants soient réticents à entamer une procédure de demande d'indemnisation. Ils éprouvent un certain mal-être lié à ce sentiment de complicité.
Voilà pourquoi nous nous efforçons, à notre niveau, de sensibiliser les populations et de comprendre les blocages et les freins qui peuvent exister dans leur esprit.