Certaines pièces ont été déclassifiées, mais pas les documents nous intéressant. Nous ne sommes pas tant intéressés par les aspects techniques ou opérationnels – pour lesquels on nous oppose du reste le caractère proliférant des archives pour nous en refuser l'accès – que par les archives sanitaires. L'Association 193 demande les registres des cancers tenus par les militaires. Il faut savoir que jusqu'en 1976, la santé était une compétence de l'État et les médecins militaires assuraient le suivi des populations. Ils détiennent donc des informations très importantes pour nous et pour la population, qui seraient très utiles pour mener des études épidémiologiques. Malheureusement, l'opacité perdure.
La date butoir fixée par la loi Morin est très difficile à respecter. Aller à la rencontre des populations sur une étendue aussi vaste que l'Europe nécessite des moyens financiers très significatifs. À titre d'exemple, un billet pour les Marquises coûte 500 à 600 euros. S'y ajoutent les frais de séjour. De surcroît, toute la population ne dispose pas d'un accès au numérique. Certains habitent sur des motus, sans téléphone ni électricité.
En tout état de cause, notre association a besoin de financements pour établir une proximité avec les habitants.
La barrière linguistique constitue un autre obstacle majeur. Certains ne savent pas qu'ils ont le droit de déposer un dossier d'indemnisation s'ils sont atteints d'une maladie reconnue comme radio-induite. Il faut s'attacher à leur faire comprendre que leur maladie est liée aux essais nucléaires.
La démarche administrative est compliquée par la difficulté à récupérer les documents exigés. Ainsi, les dossiers médicaux sont conservés aux archives de l'hôpital. La procédure est loin d'être simple, et c'est pourquoi nous demandons du temps ainsi que des moyens humains et financiers.