Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune étude sérieuse n'a été réalisée en Polynésie sur les questions que vous venez de soulever. Il est pourtant question de 193 essais nucléaires. Nous sommes les premiers stupéfaits de cette réalité.
La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) a estimé que lors du premier tir « Aldébaran », le 2 juillet 1966, les habitants des Gambier avaient été touchés 1 000 fois plus que les populations victimes de Tchernobyl.
Nous n'avons certes pas connu Hiroshima, Nagasaki ou encore Tchernobyl, mais nous avons vécu 193 essais nucléaires, en particulier des essais aériens, qui ont contaminé toute la Polynésie.
Comme l'a précisé Léna Normand, le Civen s'est fait fort de pouvoir délimiter le secteur géographique affecté par les retombées. Or, il est évident qu'à cette période, les services météorologiques ne maîtrisaient pas la situation.
Je voudrais ici évoquer la situation d'un habitant des îles Gambier, qui a été reconnu victime des essais nucléaires par le Civen. Dans son dossier, le Civen indique que cette personne aurait reçu une dose de près de 17 mSv – nous pouvons vous communiquer le numéro de dossier de cette personne. Pourtant, sur la même île, d'autres habitants présents à la même époque ont vu leur dossier rejeté par le Civen.
Du reste, les Gambier ne constituent pas un cas isolé. Toutes les îles voisines de Mururoa et Fangataufa, et plus largement toute la Polynésie – jusqu'aux îles Marquises et aux îles Australes – connaissent la même réalité.
En conséquence, je ne peux que partager votre étonnement quant à l'absence totale d'études épidémiologiques sérieuses sur les conséquences des essais nucléaires.