Ce site présente les travaux des députés de la précédente législature.
NosDéputés.fr reviendra d'ici quelques mois avec une nouvelle version pour les députés élus en 2024.

Intervention de Pierre-Mathieu Duhamel

Réunion du mardi 4 juin 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la très forte croissance de la dette française depuis l'élection présidentielle de 2017 et ses conséquences sur le pouvoir d'achat des français

Pierre-Mathieu Duhamel, ancien directeur du budget :

L'analyse sur la longue période, illustrée par le graphique n° 21, montre la déformation de nos dépenses entre 1960 et aujourd'hui : l'effet de capture de la dépense par la sphère sociale est évident et a entraîné des conséquences pour le pilotage de la dépense. En effet, la part que l'État pilote, à travers la loi de finances que vous votez, s'est progressivement et fortement réduite, y compris en pourcentage du PIB. À l'inverse, la part qui est générée par le système social s'est beaucoup accrue, comme l'atteste le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ici, le sujet porte sur la coordination de ces différents éléments et les instruments à notre disposition pour adopter une vision d'ensemble de ces énormes masses.

Au fond, le trait national que nous partageons tous est un certain goût pour la dépense publique. Quand j'étais directeur du budget, je qualifiais ce phénomène de « syndrome de la bordure de trottoir ». Un citoyen se tord le pied sur une bordure de trottoir, déclenchant immédiatement une attention nationale. Le secrétaire d'État en charge des bordures de trottoirs convoque son cabinet et lui demande un plan « bordures de trottoir » avec, idéalement, une cinquantaine de mesures législatives et réglementaires, et une certaine quantité de dépenses publiques naturellement associées.

Cet exemple est volontairement outrancier, mais il existe, me semble-t-il, dans nos processus de décision publique, l'idée que la dépense publique constitue toujours une réponse aux situations, quelles qu'elles soient. Je ne me place pas au-dessus du lot : lorsque j'étais maire, j'étais moi aussi confronté à des demandes de mes concitoyens, que j'avais du mal à ignorer. Je ne sais pas résoudre très clairement cette équation, à part via un immense effort collectif consistant à nous interroger, tous ensemble, sur la pertinence d'un certain nombre de nos dépenses publiques.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.