L'État peut être assimilé à gros paquebot, qui éprouve des difficultés à changer de cap. Pourtant, je m'interroge sur l'absence de réaction face aux changements auxquels nous allons être confrontés et que vous avez bien soulignés.
Par ailleurs, notre société est affectée par un changement de mentalité, marqué par un individualisme de plus en plus prononcé, prenant le pas sur la solidarité collective, symbolisée notamment par la sécurité sociale. Les Français aspirent peut-être à individualiser le traitement de leur retraite, à travers la capitalisation.
Ensuite, il serait peut-être nécessaire de recentrer les dépenses publiques sur les missions premières de l'État : j'ai le sentiment que notre État veut se mêler de tout et en vient parfois à perdre le sens du régalien. L'analyse de la modification de la composition de la dépense publique durant les quarante dernières années fait apparaître une hausse excessive des prestations sociales, une diminution des charges de fonctionnement et une diminution encore plus marquée de la capacité d'investissement. Il ne s'agit pas pour moi d'une fatalité, mais de choix politiques ; je rejoins en cela certains des propos qui ont été tenus.
En outre, je m'interroge sur le volume des recettes. Sommes-nous vraiment capables de l'augmenter, notamment en faisant en sorte que tout le monde contribue à l'impôt ? En effet, nous avons le sentiment qu'à l'heure actuelle, certaines personnes règlent leurs impôts et ne touchent pas ou quasiment peu d'aides sociales, quand d'autres n'en payent pas, mais bénéficient énormément d'aides sociales. Cette situation contribue à nourrir le sentiment d'injustice, à l'heure où l'efficience du service public suscite des interrogations.
Enfin, peut-être conviendrait-il de s'appuyer sur la bonne gestion des collectivités territoriales, dont les élus sont capables de respecter des budgets à l'équilibre. J'en profite pour souligner le manque de liberté des élus et des politiques face à la lourdeur administrative dans la gestion des dossiers au quotidien.
En résumé, si nous ne sommes pas capables de changer de logiciel pour affronter les futurs enjeux, les années qui nous font face seront difficiles à appréhender.