Notre absence du commandement intégré, de 1966 à 2009, nous a fait perdre une partie de la grammaire, du vocabulaire et de la compréhension des mécanismes otaniens. Pour bien préparer nos officiers à la réintégration, il aurait fallu qu'ils possèdent déjà ces éléments, ce qui n'était pas le cas. Le temps de préparation et de formation de nos ressources humaines est long. La loi de programmation militaire permettra de répondre aux enjeux auxquels nous faisons face, tant sur les théâtres otaniens qu'en dehors. Nous commençons à voir des progrès mais, pendant longtemps, le passage par l'Otan n'était pas valorisé au sein de nos armées.
Cette remarque vaut également pour notre industrie de défense. La perte de la grammaire otanienne a causé un retard significatif à notre BITD sur les sujets otaniens. Beaucoup de nos auditionnés nous ont indiqué que nous avions déjà perdu quarante ans et qu'il nous en faudrait sans doute quarante autres pour récupérer cette grammaire. Il est crucial de garder cela en tête, d'autant plus que la durée de vie des équipements est longue. Lorsqu'on fabrique un équipement, il n'est pas conçu pour un an, mais presque un demi-siècle.
Concernant la DGA, dans mes conclusions, je la qualifiais de « belle endormie ». « Belle », car nous avons là des compétences exceptionnelles, uniques, que très peu d'autres pays possèdent, avec des personnels à la fois militaires et ingénieurs. « Endormie », car je trouve qu'elles ne sont pas bien utilisées, on ne leur donne pas de feuille de route claire. D'ailleurs, les personnels de la DGA n'ont pas su répondre précisément à certaines de nos questions, ce qui se traduit par un certain flottement dans leur présence au sein de l'OTAN. Il est nécessaire de réveiller cette « belle endormie » pour qu'elle puisse retrouver toute son efficacité.
Je souhaite également aborder la notion d'alliance régionale. Je comprends qu'on puisse envisager de rejoindre des alliances régionales, mais alors, l'Otan en est une.