Lors de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Otan, j'ai consulté les archives pour réexaminer les positions de chacun en 2009. Jean-Luc Mélenchon, à gauche, s'était opposé à cette réintégration et prônait même une sortie progressive de l'organisation. François Bayrou, au centre, déclarait que cette réintégration signifiait l'abandon d'un élément de notre identité nationale et de notre indépendance, allant jusqu'à parler de défaite pour la France et pour l'Europe. Dominique de Villepin, à droite, qualifiait cette décision de « faute », affirmant que la France se plaçait sous la domination d'un autre pays. Il ajoutait que la crise irakienne lui avait appris la difficulté de résister aux pressions américaines, surtout lorsqu'il s'agit de sécurité.
Quinze ans plus tard, je pose deux questions. Premièrement, la réintégration du commandement intégré de l'OTAN par la France en 2009 était censée rendre les industries françaises de l'armement plus profitables. Cela s'est-il confirmé ? Deuxièmement, le Président de la République évoque souvent ce concept de l'autonomie stratégique européenne, surtout en période d'élections européennes. Une autonomie stratégique européenne, fondée sur une défense commune entre Européens, est-elle compatible avec l'OTAN, qui regroupe Européens, Nord-Américains et Turcs ? Est-il vraiment possible de cumuler deux alliances militaires aux intérêts potentiellement divergents ?