Il me semble en effet nécessaire d'instaurer une mission de coordination, surtout en l'absence de stratégie claire. Plusieurs intervenants nous ont signalé que les décisions relatives à l'OTAN se prenaient en silo. Une coordination s'impose et un éventuel secrétaire général de l'OTAN pourrait tout à fait s'en charger.
Concernant le NPG, je comprends vos remarques, mais notre doctrine de stricte suffisance doit être mieux expliquée, car elle est très spécifique et ne correspond pas à celle de la riposte graduée. Il n'est pas question d'adopter une riposte graduée et cela doit se savoir davantage. Dans le contexte actuel et les inquiétudes européennes, nous avons intérêt à trouver des instances pour discuter de notre suffisance au sens strict. Faut-il élaborer un nouvel outil ou utiliser celui existant ? Il serait utile de confronter les deux doctrines pour voir en quoi elles diffèrent et peuvent se compléter.
Sur la capacité à nous défendre seul, je voudrais émettre des réserves. Nous avons la dissuasion nucléaire, certes, mais le conflit en Ukraine nous montre la pertinence des moyens conventionnels. Une dissuasion nucléaire efficace suppose également du renseignement. Nous avons investi 5 milliards d'euros supplémentaires, mais pour être totalement autonomes, il nous faudrait un renseignement indépendant, ce qui coûterait beaucoup plus cher. Sur le cyber, il est illusoire de penser que nous pourrons tout faire seuls. Le spatial est déjà européen et pas uniquement français, mais imaginer que nous pourrons maîtriser le spatial seuls est tout aussi illusoire. Les effectifs sont également un problème. Nos armées comptent aujourd'hui 200 000 personnes et une autonomie totale supposerait 600 000, voire 700 000 personnes. Comment recruter de tels effectifs alors que nous rencontrons déjà des difficultés à embaucher ? En triplant les soldes ? Je voudrais simplement savoir comment vous procéderiez et dans quelle structure vous le feriez, car je suis très réservée quant à la capacité de se défendre seul en permanence.
La dissuasion nucléaire est efficace, c'est notre ultime recours, mais avant de l'activer, nous devons considérer la situation actuelle. Il existe d'autres menaces potentielles contre lesquelles nous avons besoin de coalitions.