Monsieur Thiériot, vos questions sont aussi pertinentes que contradictoires.
Vous affirmez que la décision de quitter le commandement intégré de l'OTAN nous ferait perdre toute crédibilité auprès des Européens, qui ne croient qu'au parapluie américain. La France ne joue pourtant aucun rôle dans ce parapluie, qui repose sur le partage de la dissuasion nucléaire américaine au profit des pays européens. Je rappelle que, selon l'article 42 alinéa 7 du traité sur l'Union européenne, il existe une solidarité militaire entre les pays de l'Union européenne et que je n'ai jamais remis en cause cet article. Suggérez-vous cependant que ce traité, ratifié contre l'avis du peuple français lors du Congrès de Versailles, n'aurait aucune valeur et que personne n'y croirait vraiment ? Si tel est le cas, dites-le et proposez de changer les traités. Sinon, il y a une contradiction dans votre discours.
Aussi, je ne sais pas exactement ce que vous entendez par « l'outil de planification » que nous perdrions. Grâce à la LPM, nous sommes la seule nation européenne à nourrir une vision à long terme de notre outil de défense. Tous les autres pays européens dépendent de l'OTAN pour leur planification. Nous sommes donc capables de planifier et d'assurer notre défense nous-mêmes, ce qui nous distingue. Grâce à la dissuasion, nous pouvons défendre notre territoire de manière autonome et nous acceptons d'en payer le prix. Dire que nous ne sommes pas capables de défendre notre territoire reviendrait à reconnaître devant les contribuables qu'ils paient pour une dissuasion inutile. Je ne suis pas d'accord.
La dissuasion est efficace et doit continuer à être financée, car elle est essentielle à la défense de notre territoire. Nous savons également travailler avec des armées d'autres pays, comme l'Inde et de nombreux autres pays sur des exercices conjoints. Il faudra peut-être en mener davantage avec d'autres nations, ce dont nous sommes capables.
Quant aux questions budgétaires, ma collègue expliquait que, même dans le cadre de l'OTAN, il faudrait sûrement atteindre 3 % du PIB en 2030. Quitte à payer, autant être indépendant.