Monsieur le président, madame et monsieur les rapporteurs, compte tenu de la gravité du sujet de ce jour, qui oriente l'ensemble de notre politique de défense, je souhaite faire un propos liminaire suivi d'une série de questions.
Notre parti, celui du général de Gaulle, sait faire preuve d'indépendance et a toujours considéré l'importance de ne pas se tromper d'adversaire lorsque les intérêts vitaux de la nation étaient en jeu. Lorsque les communistes russes ont construit le mur de Berlin, le général de Gaulle ne s'est pas trompé en apportant un soutien total au Bloc atlantique. Lors de l'affaire des fusées de Cuba, il aurait dit à l'ambassadeur russe : « Monsieur l'ambassadeur, nous mourrons ensemble ». En d'autres termes, nous savons bien qui sont nos amis et nos alliés. Les Américains et les Allemands, bien que concurrents, sont avant tout nos alliés et nos amis et, en ces heures cruciales, nous ne devons pas l'oublier.
Monsieur le rapporteur, comment comptez-vous gérer la situation de la France, désormais seule, alors que la totalité des pays européens nous tournerait le dos dans le cas d'un retrait du commandement intégré de l'OTAN ? La plupart n'ont confiance que dans le parapluie américain. On peut le regretter, mais c'est une réalité. Rêver d'une sécurité collective sous la tutelle de l'ONU est utopique. Si nous suivons votre politique, nous perdrons toute influence en Europe.
Foch disait à propos de Napoléon : « Depuis que je mène la guerre en coalition, j'ai beaucoup moins d'admiration pour Napoléon qui commandait seul ». Comment défendre utilement l'Europe si chacun fait ses plans dans son coin ? D'un point de vue strictement militaire, sans l'outil de planification de l'OTAN, comment comptez-vous travailler efficacement avec des traités bilatéraux ?
Enfin, combien votre programme coûtera-t-il au pays ? Assumez-vous de dire aux Français qu'il faudra dépenser non pas 2 % du PIB, mais 3 ou 5 % et que cela impliquera des impôts supplémentaires ?
Parmi les personnes que vous avez auditionnées, combien ont exprimé la nécessité de sortir du commandement intégré ou même suggéré de quitter l'OTAN ?
Madame la rapporteure, j'aurais une question et une remarque. La nécessité de définir un pilier européen de l'OTAN paraît évidente. Notre doctrine manque encore de clarté. Ne pensez-vous pas opportun de créer, sur le modèle du secrétariat général aux affaires européennes (SGAE), un secrétariat général de l'OTAN (SG OTAN) ?
J'émettrais néanmoins une réserve concernant votre proposition de rejoindre le NPG. J'entends la notion d'enceinte, mais je crains que le fait d'y siéger puisse laisser entendre, y compris à l'extérieur, que notre dissuasion accepte la doctrine de la riposte graduée, ce qui n'est pas le cas. Cela pourrait envoyer un mauvais signal à nos adversaires potentiels, notamment la Russie, mais pas seulement.