Malgré nos divergences de vues, ce rapport prouve qu'un débat politique de haut niveau peut aussi être constructif, apaisé et sans outrances.
L'OTAN a donc été créée le 4 avril 1949 par le traité de l'Atlantique Nord afin d'assurer la défense territoriale de l'Europe face à la menace représentée, à l'époque, par l'Union soviétique. C'est donc une alliance défensive dont le cœur est l'article 5 du TAN, qui stipule que toute attaque contre l'un de ses membres constitue une attaque contre l'ensemble de ceux-ci, appelant donc une réponse collective à l'agression. La dissuasion mutuelle qu'ont exercée l'OTAN et le Pacte de Varsovie pendant un demi-siècle a été efficace puisqu'il n'y a pas eu de conflit armé direct entre les deux blocs pendant toute la Guerre froide.
Le démantèlement du Pacte de Varsovie en 1989 puis la disparition de l'URSS en 1991 ont créé un vide existentiel pour l'OTAN. Au lieu de se dissoudre, l'OTAN s'est réorientée vers la gestion de crises puis s'est engagée dans la lutte contre le terrorisme avec l'activation, par les États-Unis, de l'article 5 à la suite des attaques du 11 septembre 2001. De la défense collective de l'Europe de l'Ouest, L'OTAN est ainsi devenue un fournisseur de sécurité à plus large spectre, fonctionnant sur le mode expéditionnaire puisque ses interventions contre le terrorisme, mais aussi celle en Libye en 2011, ont eu lieu en dehors de l'Europe.
Il n'en reste pas moins que les années 2010 ont été, pour l'Alliance des années difficiles : à l'enlisement en Afghanistan et aux conséquences désastreuses de l'intervention en Libye se sont ajoutées l'effondrement des budgets de défense de ses membres, à la seule exception des États-Unis, soucieux de toucher les dividendes de la paix dans un environnement stratégique considéré comme sûr. L'Alliance était également minée par les conflits internes et, en particulier, entre la Grèce et la Turquie, aux multiples conséquences, notamment sur la coopération avec l'Union européenne. L'OTAN vivait ainsi une deuxième crise existentielle, qui avait justifié la déclaration controversée du président Macron en 2019 sur son « état de mort cérébrale ».
Cette déclaration a constitué le premier électrochoc donné à l'Alliance puisqu'à la suite de celle-ci, l'OTAN a lancé une vaste réflexion interne qui a abouti à l' « Agenda 2030 » qui organise une profonde transformation de l'OTAN.
Le deuxième électrochoc est, évidemment, la guerre en Ukraine. Pourtant, un premier avertissement avait été donné à l'Alliance en 2008, lorsque la Russie avait agressé la Géorgie, avertissement qui avait donné lieu à une réaction limitée de l'Alliance en raison de la complexité de la situation et des avis divergents de ses membres. L'agression de l'Ukraine en 2014 a suscité une réaction plus forte puisqu'elle a entraîné la mise en place, sur le flanc Est de l'Alliance, d'une « présence avancée renforcée », c'est-à-dire le déploiement dans les pays baltes et en Pologne de groupements tactiques interarmes, auxquels, vous le savez, notre pays participe via notamment la mission Lynx.
Le passage de ce conflit de basse intensité, qui n'avait en réalité pas cessé depuis 2014, à une guerre ouverte de haute intensité le 24 février 2024 a immédiatement eu de fortes répercussions sur l'OTAN.
C'est en effet vers l'OTAN que l'ensemble de ses membres européens se sont tourné pour assurer leur défense face à l'agressivité russe. L'OTAN a satisfait à cette demande en renforçant considérablement le dispositif de défense et de dissuasion mis en place depuis 2017, lequel couvre aujourd'hui l'ensemble du flanc Est, de l'Estonie à la Roumanie, pays au sein duquel la France est nation-cadre, c'est-à-dire commande le groupement tactique interarmes. La guerre en Ukraine a ainsi conforté l'OTAN dans son rôle premier en matière de défense collective de ses membres, dans une posture qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de la Guerre froide