Pour reprendre mon exemple, dès lors qu'un distributeur vend deux entrecôtes pour le prix d'une, le problème de valeur se répercute à tous les maillons de la chaîne. Qui a fourni l'entrecôte à la grande surface, et qui l'a produite ? La loi Egalim visait à lutter contre les prix abusivement bas pour que les agriculteurs puissent vivre de leur travail. La loi de modernisation de l'économie (LME) a été un désastre pour l'économie française. Les pratiques de ristournes, de remises et de marges arrière trouvent toujours un moyen d'exister ; d'où l'intérêt de bannir les prix abusivement bas et de définir des coûts d'objectif pour les agriculteurs dans chaque filière – l'approche par filière fut d'ailleurs essentielle. Le problème n'est toutefois pas réglé, notamment dans la filière du lait ; les manifestations d'agriculteurs de l'automne dernier en ont témoigné. La détermination du prix final doit partir du coût d'objectif, et non d'un prix plus bas. Malheureusement, cette logique n'a pas été pleinement appliquée. L'exercice est très compliqué dans certaines filières et doit prendre en compte de fortes disparités – par exemple entre des éleveurs de bovins du Cantal et ceux de la Drôme. Cela explique qu'il ait fallu une loi Egalim 2. Il faut aller beaucoup plus loin car le processus est inachevé.