Je souscris à votre dernière phrase.
Que certaines décisions soient un peu bureaucratiques, cela ne fait guère de doute. Il me semble d'ailleurs que ce sujet est abordé dans le projet de loi que vous avez voté hier – ou que vous n'avez pas voté, madame Blin… Cependant, je le dis haut et fort, il n'y a pas de lobby dans l'administration du ministère de l'agriculture. En auditionnant Mme Maud Faipoux, directrice générale de l'alimentation (DGAL), et M. Philippe Duclaud, directeur général de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE), vous avez reçu hier la crème de mon ancien ministère. Ces fonctionnaires en ont vu de toutes les couleurs ; ils ne réagissent pas aux actions de n'importe quel lobby et ne constituent pas eux-mêmes un lobby. Je réponds donc par la négative à votre question.
Lors de la préparation d'un projet de loi comme celui que vous venez d'examiner, certains organismes essaient évidemment de faire passer leurs idées. Lorsque j'étais sénateur, je m'amusais souvent en constatant que des amendements avaient été déposés par des parlementaires différents avec la même faute d'orthographe. On sait bien que ces amendements n'ont pas été rédigés par les parlementaires ou par leurs collaborateurs, mais par un organisme extérieur. Cette pratique est vieille comme le monde ! Les lobbies sont à l'œuvre lors de l'élaboration d'une loi. Puisque vous vous êtes beaucoup intéressée au texte adopté hier par l'Assemblée nationale, je suppose que vous avez vous-même rencontré, avec votre groupe politique, un grand nombre de lobbies et de gens qui vous ont recommandé de faire ceci ou cela – et heureusement ! Lorsqu'une commission est saisie d'un projet de loi, elle organise d'ailleurs des auditions et reçoit donc des lobbies.
Non, l'administration française n'est pas un lobby. Les fonctionnaires français ne réagissent pas aux pressions des lobbies : ils sont animés par l'intérêt général tel qu'il a été défini par le législateur et le Gouvernement.