Le fait d'exporter des morceaux dont les Français ne veulent pas est bon pour notre balance commerciale.
Ne me dites pas que vous n'avez jamais mangé un pata negra, un bellota, un chorizo ou un autre jambon espagnol – je vous croirais à peine ! Nous importons aussi ce genre de produits. Vous pensez peut-être que nous importons trop, mais que proposez-vous alors ? Votre commission d'enquête se penche sur la notion de souveraineté alimentaire : il ne s'agit pas de vivre en autarcie et de produire nous-mêmes tout ce que nous avons envie de manger ! Pour ma part, j'aime le jambon espagnol, mais j'aime aussi le jambon de Bayonne, le noir de Bigorre et le jambon blanc, avec ou sans nitrites.
Pendant les deux ans et quelques mois que j'ai passés au ministère, j'ai toujours veillé à ce que mes propos ne soient pas perçus comme hostiles à notre agriculture. Je ne montrerai jamais du doigt les agriculteurs français. Certes, on peut se tromper, car on est fatigué quand on travaille jour et nuit… Je déplore bien sûr certains excès, mais il existe des mesures pour les combattre. En tant que ministre comme à titre privé, j'ai eu la chance de pouvoir me promener un peu, en Europe et ailleurs : je peux donc témoigner que nous avons beaucoup de chance, en France, de manger ce que nous avons dans nos assiettes. J'observe ce qui se passe dans nos halles, dans nos marchés couverts, dans nos marchés extérieurs, dans la grande distribution… On souhaite acheter toujours moins cher mais on veut en même temps que les paysans gagnent leur vie. C'est compliqué ! Nous pourrons parler tout à l'heure des négociations commerciales.
Je le répète, l'agriculture française est une belle agriculture. Les femmes et les hommes qui y travaillent font tout pour nous nourrir de la meilleure façon : c'est leur richesse et leur force. D'ailleurs, lorsque les agriculteurs ouvrent leur ferme le week-end – par exemple dans le cadre de l'opération « De ferme en ferme », créée dans la région Rhône-Alpes il y a une trentaine d'années –, ils sont fiers de montrer ce qu'ils font. Réciproquement, nos concitoyens sont heureux de visiter des fermes, d'emmener leurs enfants voir les ânes et les chevaux, de manger du miel et du foie gras. Soyons donc cohérents et n'accusons pas tout le temps les agriculteurs de faire n'importe quoi !