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Intervention de Didier Guillaume

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Didier Guillaume, ancien ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Si, dans leur grande sagesse, les parlementaires ont choisi d'y consacrer une commission d'enquête, c'est évidemment qu'il y a un problème. Mais, de manière générale, j'en ai un peu marre des discours déclinistes, qui risquent d'être autoréalisateurs.

Dans le détail, nous importons peut-être 20 % de notre porc, mais nous en exportons beaucoup ; la variation du prix du porc entre le moment où je suis devenu ministre et l'année qui a suivi, du fait de l'évolution de nos échanges avec la Chine, le montre bien.

Il faut une vision grand angle. Ce n'est pas un problème de souveraineté ni de sécurité alimentaire : nous importons 60 % des fraises que nous consommons, mais les Français qui veulent manger des fraises le peuvent ; simplement, elles viennent d'Espagne ou d'ailleurs.

Comment pourrait-on produire 100 % de la consommation dans les secteurs que vous évoquez ? Ce n'est pas possible ! On ne construira plus de poulaillers grand format, de bâtiments d'élevage. Il faut préserver les surfaces agricoles. Certes, les habitudes de consommation de nos concitoyens ont changé, la société évolue, mais – je l'ai toujours dit – on ne mange pas de fraises en février, c'est tout ! Des fruits cultivés sous serre, chauffés au pétrole, de contre-saison, ne peuvent pas avoir le label bio. Il faut parfois remettre l'église au milieu du village !

Mangeons donc des produits français de saison – je ne parle pas des fruits exotiques et des avocats, car c'est encore un autre sujet. Nous avons la grande chance d'avoir, dans notre pays, des agriculteurs qui nous nourrissent bien. Personnellement, j'en suis fier.

Est-il possible de faire mieux ? Sans aucun doute. De quelle façon ? Je ne le sais pas et, de toute façon, je n'exerce plus de responsabilités. J'ai quelques idées mais personne ne me les demande et je n'ai pas à les exposer. Il n'empêche que nous devons dire haut et fort à nos concitoyens que l'agriculture française est de bonne qualité, qu'elle les nourrit bien et qu'elle continue de se développer, quoi qu'on en dise. Je m'inscris en faux contre toute perspective « décliniste » – un terme que vous avez repris à votre compte, monsieur le rapporteur.

Je ne sais pas ce que vous écrirez dans votre rapport. Je le lirai avec beaucoup d'intérêt, comme j'ai lu celui de la commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans Écophyto. Il ne faudra pas oublier de dire en premier lieu que l'agriculture française est de grande qualité. Nos agriculteurs sont très compétents et comprennent les attentes de la société : ils savent qu'ils doivent s'engager dans la transition agroécologique et réduire leur utilisation de produits phytosanitaires, tout en veillant à la productivité afin que nos concitoyens aient de quoi manger.

Notre agriculture assure notre approvisionnement alimentaire, avec l'appui des autres pays européens dans certains secteurs. Notre souveraineté alimentaire, aussi perfectible soit-elle, est donc bel et bien garantie.

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