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Intervention de Didier Guillaume

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Didier Guillaume, ancien ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Ce n'était pas du tout ma position et ça ne l'est toujours pas. Je vous l'ai dit : ma position, c'est « pas d'interdiction sans solution ». Je suis très à l'aise à ce sujet. Je n'en ai jamais varié, alors qu'elle était difficile à tenir. Quand, dans le COS Écophyto, se retrouvent la ministre de l'environnement, la ministre de la santé, la ministre de la recherche et le ministre de l'agriculture, il faut trouver des compromis. Mais je n'avais aucun état d'âme à supprimer les CMR1. Je me demande même si une seule organisation syndicale s'y est opposée. En revanche, on ne peut pas aller plus loin et tout interdire. Sur ce point, je suis d'accord avec vous. Mais quand on sait qu'un produit est cancérigène à coup sûr, je doute que quelqu'un puisse dire « tant pis, on continue puisqu'il n'y a pas de solution pour le remplacer ». Les choses sont allées d'autant plus vite que, dans certains secteurs, ces molécules étaient peu utilisées ou les produits alternatifs l'étaient déjà.

La souveraineté alimentaire va beaucoup plus loin que la question des produits phytosanitaires, mais celle-ci est tellement centrale dans la société qu'il faut y répondre, en partant, je le répète, du principe « pas d'interdiction sans solution ».

Il peut y avoir des exceptions, comme celle que Julien Denormandie a faite pour la betterave. Cela relève, cette fois, de la souveraineté. Il aurait pu ne pas prendre cette décision et nous achèterions du sucre fait à l'extérieur selon d'autres normes que les nôtres. Mais je pense qu'il a bien fait. Quand on a interdit les néonicotinoïdes, on savait que cela poserait des problèmes mais on ne pouvait pas ne pas les interdire, car on savait aussi qu'ils comportaient des risques pour la santé. Parallèlement, il faut que les instituts techniques et les chercheurs accélèrent la recherche d'alternatives.

On pourrait se dire : « Continuons comme ça, on a toujours fait ainsi. » Je ne mets absolument pas en cause l'agriculteur de cinquante-cinq à soixante-cinq ans qui raisonne ainsi. De toute façon, il a réduit le recours aux phytosanitaires, puisqu'ils l'ont tous fait, et on ne va pas lui demander de changer ses pratiques agricoles. Mais il faut profiter de l'arrivée de nouveaux agriculteurs pour assumer que la transition agroécologique soit dans toutes les fermes, dans tous les champs.

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