L'agriculture conventionnelle satisfait ces demandes. Mais la société évolue. Je le répète, les agriculteurs n'utilisent pas de produits phytosanitaires pour le plaisir. Quand on est malade, on prend un médicament ; pour soigner une plante ou un animal, on lui donne un médicament. C'est aussi simple que cela. Il y a des engrais pour nourrir les plantes et des produits phytosanitaires pour les soigner.
On sait qu'il faut en réduire l'utilisation. Comme ministre de l'agriculture, j'ai interdit presque tous les CMR1 (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction de catégorie 1), tous ceux dont on savait qu'ils présentaient un risque pour la santé. Pour ceux pour lesquels ce n'est pas avéré, on continue mais on va réduire. L'objectif serait de réduire le plus possible. Mais je ne crois pas que ce soit possible.
Le bio est très important. Il faut poursuivre les conversions. Je suppose d'ailleurs que, parmi les 400 000 installations projetées dans la loi d'orientation agricole, beaucoup seront bio. Des conversions ont bien marché, d'autres moins bien. Le bio était en plein essor quand j'étais au Gouvernement, mais cet essor a été un peu freiné. C'est la vie ; c'est l'acheteur qui décide. Dans une société libérale comme la nôtre, les gens achètent ce qu'ils veulent – ou ce qu'ils peuvent, comme je l'ai dit – et il faut que les agriculteurs répondent à leur demande. Simplement, ils ne peuvent pas modifier d'un seul coup leur façon de faire comme dans l'industrie, car l'agriculture s'inscrit dans la succession des saisons et dans le temps long. Voilà pourquoi je suis favorable à une transition agroécologique assumée, absolument indispensable.
Il faut continuer à produire. La souveraineté alimentaire est nécessaire ; le Président de la République et le Gouvernement la défendent, ainsi que la majorité parlementaire, qui doit continuer à le faire.