Je ne partage pas votre avis. La négociation de la politique agricole commune se fait à vingt-sept. Certains pays de l'Est, dont la Pologne, ne voulaient pas entendre parler de la baisse de l'utilisation des phytosanitaires ni de l'augmentation du bio. Lors des négociations, la France a assumé la position qu'elle défend depuis le Grenelle de l'environnement. C'est une bonne orientation.
Néanmoins, j'ai toujours dit : « Pas d'interdiction sans solution ». Tout le monde est d'accord pour limiter l'utilisation des produits phytosanitaires, qui ont des conséquences sur la santé humaine. J'ai été un militant de l'agriculture biologique durant toute ma vie publique. Toutefois, à mon sens, le bio – dont les rendements sont moindres – n'est pas incompatible avec la productivité : grâce à la mécanisation, on peut limiter les intrants sans réduire la production. C'est ce que démontre le salon européen Tech & Bio que j'ai créé dans mon département.
À la fin des années 1990, j'ai travaillé au cabinet du ministre de l'agriculture Jean Glavany. C'était l'époque de la vache folle. Tout le monde se plaignait de l'Europe. Or, sans l'Europe, il n'y a plus d'agriculture en France : la moitié des agriculteurs dépendent de l'argent public pour plus de 50 % de leurs revenus. L'Europe garantit aussi un marché à nos filières. Les négociations auxquelles j'ai participé étaient longues ; il a fallu sans cesse revenir sur les mêmes points et négocier en bilatéral, mais ce n'est pas le ministre seul qui décide ; à la fin, ce sont les chefs d'État et de Gouvernement qui choisissent où ils veulent aller.