Une des grandes spécificités de Carrefour, c'est que nous maîtrisons tous les formats de magasins. Carrefour est historiquement un modèle qui va du très grand hypermarché – c'est nous qui avons ouvert le premier à Sainte-Geneviève-des-Bois – au tout petit Carrefour Express. J'ai fait le choix stratégique, il y a quelques années, d'accélérer le développement de la proximité. Nous aurons ouvert en six ou sept ans quelque 6 000 nouveaux magasins, pour l'essentiel en France. Nous contribuons à une forme d'aménagement du territoire, quand nous installons un Carrefour City, un Carrefour Contact ou un Carrefour Express, en allant au plus près de nos clients. Nous en ouvrons à un rythme très rapide, avec des partenaires entrepreneurs.
S'agissant de notre offre, je suis désolé que vous ayez eu ce sentiment, monsieur Tanguy, parce qu'il ne correspond pas à la réalité. Dans nos magasins de proximité, les produits issus des circuits ultracourts et ceux qui sont des marqueurs de notre souveraineté alimentaire sont plus présents. Les prix diffèrent selon les formats des magasins. Les coûts de loyer et de logistique n'étant pas les mêmes, les prix sont plus élevés dans les magasins de proximité.
De la même manière, la numérisation de nos activités n'a pas d'impact mécanique sur la souveraineté alimentaire. Elle ne conduit pas à la massification, au contraire. L'hypermarché repose sur un modèle logistique massifié : de très gros volumes qui partent vers un seul magasin. Plus il y a de petits points de vente, plus il y a de livraison à domicile, plus il y a de flux logistiques différents. Nous sommes le grand leader de la livraison à domicile, qui implique un éclatement des flux logistiques, certains partant de très grands entrepôts, certains d'entrepôts de taille moyenne, d'autres de nos magasins qui servent de centres de préparation des commandes.
En revanche – et c'est une priorité permanente dans notre communication et nos actions –, nous avons doublé notre objectif d'approvisionnement en circuit court, à moins de 50 kilomètres. Nous avons pris cet engagement parce que les consommateurs nous le demandent : plus les producteurs locaux sont mis en avant, plus les clients sont satisfaits. Nous avons beaucoup travaillé pour essayer de supprimer les irritants pour l'agriculteur. Les contrats de vingt pages et les paiements à plusieurs semaines ne convenaient pas au monde agricole. Nous avons simplifié les contrats et réduit nos délais de paiements à l'échelle d'une semaine. Nous travaillons beaucoup sur les circuits courts et les filières qualité. C'est un marqueur de notre transition alimentaire pour tous, qui est notre raison d'être, là où certains de mes concurrents sont uniquement centrés sur le prix. Le consommateur ne se trompe jamais. Cela ne peut fonctionner que s'il comprend que ce n'est pas du marketing mais une réalité, qui reste certes perfectible.