Je ne saurais dire si nous en aurions formellement le droit mais ce qui est sûr, c'est que tout regroupement paraît suspect. Quel que soit le motif, et que les centrales d'achats se situent en France ou non, il n'est en général pas souhaité, compte tenu de notre pouvoir de marché, que deux distributeurs procèdent ensemble à des achats. À tout le moins, une telle opération serait scrutée.
J'ai bien compris que votre hypothèse est celle de la constitution d'une filière dans l'optique d'un résultat collectif positif. Je n'ai toutefois connaissance d'aucune initiative de cette nature au sein de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) ou entre distributeurs. Le cas échéant, il faudrait une forme de garantie ou du moins l'anticipation d'une appréciation favorable des autorités de concurrence, qui devraient considérer que la création de la filière relève de l'intérêt général. Dans le cas contraire, compte tenu du risque et de la concurrence à laquelle se livrent les enseignes, un tel mouvement me semblerait impossible.
Comme me le souffle M. Bompard, seule l'autorité de la concurrence britannique, à la fin d'année dernière, a pris une décision pouvant se rapprocher d'une telle démarche. Cette décision ouvre la possibilité, pour les distributeurs britanniques, de se regrouper pour acheter en commun, non des produits nationaux, mais des produits d'importation tels que les bananes, le cacao et le café, le but étant de contribuer à l'élévation des standards de production et des salaires, et à l'établissement d'une concurrence plus équitable. Cette initiative ne correspond pas exactement à votre hypothèse, mais c'est la plus proche que je puisse évoquer.