Premièrement, je souhaite saluer vos équipes, monsieur Bompard, car il est rare qu'une grande entreprise, française ou internationale, réponde aux parlementaires, du moins aux membres de mon groupe. Nous ne sommes pas nécessairement d'accord sur le fond, mais nous avons obtenu de véritables réponses.
Ma première question n'a pas de lien avec ce qui a été abordé jusqu'à présent au cours de l'audition et concerne la tentative d'opération de Couche-Tard, chaîne de grande distribution québécoise, qui a été bloquée par les autorités françaises et plus particulièrement par M. Le Maire au nom de la souveraineté alimentaire – c'est en tout cas l'argument qui a filtré dans la presse. Dans la mesure où nous n'avons pas eu accès à de plus amples informations à l'Assemblée nationale ou ailleurs, je souhaiterais savoir, bien sûr dans la limite du secret des affaires, si vous avez vous-même sollicité ce blocage pour ce motif de la souveraineté alimentaire, si l'argumentation juridique et politique a été élaborée en concertation avec vous – étant entendu il n'y aurait rien d'illégal à ce que le ministère de l'économie travaille avec un grand groupe français –, et si ce motif a été invoqué auprès de vos actionnaires.
Bref, quels sont les ressorts de cette tentative d'opération ? Étiez-vous au courant de la décision de Bercy ? L'enjeu de souveraineté alimentaire est-il inclus dans votre stratégie ? Et, le cas échéant, comment justifiez-vous que le Gouvernement soit intervenu en votre faveur – car, de mon point de vue, c'est bien ce qui s'est passé. Je rappelle que le décret de blocage utilisé n'a pas été fréquemment activé, pour ne pas dire jamais s'agissant d'une opération d'une telle envergure et pour un groupe aussi important.